Le président sortant, le libéral Mauricio Macri, rêve d'une remontée de dernière heure mais ses aspirations à un second mandat se sont heurtées à une dure réalité tout au long de la campagne: une récession de plus d'un an, une inflation insurmontable qui atteignait jusqu'à 37,7% en septembre, un chômage en hausse (10,6%) et une pauvreté qui touche plus d'un tiers des Argentins.
Mauricio Macri doit également faire oublier le programme de rigueur fiscale mis en place après le versement de l'aide financière du FMI de 57 milliards de dollars l'an passé, en plein désordre monétaire, un scénario qui s'est répété par la suite, lorsque le peso argentin a perdu 70% de sa valeur par rapport à janvier 2018.
En une seule année, l'inflation a dépassé 50% dans le pays, touchant de plein fouet, notamment, la classe moyenne argentine. Malgré des salaires au-dessus de la moyenne, certains ménages doivent rogner sur la nourriture pour pouvoir payer leurs factures de gaz, d'eau et d'électricité qui ont explosé de plus de 4000% depuis l'abandon des subsides par le gouvernement de Mauricio Macri.
Un duo Fernandez-Kirchner à gauche
De son côté, le candidat de centre gauche Alberto Fernandez peut compter sur des sondages favorables, ayant su rassembler autour de sa personne tout le spectre des péronistes avec du soutien de l'ancienne présidente Cristina Kirchner (2007-2015), qui brigue la vice-présidence à ses côtés malgré la douzaine d'enquêtes pour corruption qui la visent.
"L'idée est de tourner la page et de commencer à construire un autre pays, plus juste, plus équilibré", a déclaré Alberto Fernandez mercredi.
Une Argentine économiquement à genoux
"La pauvreté en Argentine a augmenté ces dernières années, alors qu'il s'agissait de l'une des principales promesses de campagne de Mauricio Macri lorsqu'il a été élu en 2015", rappelle le directeur de l’Observatoire politique de l’Amérique latine Gaspar Estrada dans l'émission Tout un monde. "Le cœur de son message à l'époque était qu'il allait rétablir la condition économique de l'Argentine, que le pays allait retrouver le chemin de la croissance. Et malheureusement, c'est l'inverse qui s'est produit et c'est pour cela qu'aujourd'hui Monsieur Macri se trouve dans une situation très défavorable."
Pour ce spécialiste, la principale erreur de l'actuel chef de l'Etat a été d'avoir financé les dépenses courantes de l'Etat par le biais de l'émission de dettes, notamment en dollar, "ce qui a exposé très fortement le budget de l'Etat lorsque les taux d'intérêt ont évolué. C'est ce qui a provoqué l'intervention du FMI, qui s'est couplée d'exigences très dures sur le plan des mesures d'austérité. C'est ce qui provoque in fine cette crise économique."
afp/oang/vic
Gros menu électoral
Lors du rendez-vous électoral de dimanche, les Argentins élisent non seulement leur président et leur vice-président, mais ils renouvellent également la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat. Ils choisissent également le gouverneur de la province de Buenos Aires, un territoire qui regroupe un tiers des électeurs, ainsi que le maire de la capitale, la ville la plus riche du pays.
Pour s'imposer dès le premier tour, il faut plus de 45% des voix ou plus de 40% avec une différence de dix points sur le candidat arrivé en deuxième position. En cas de ballottage, un second tour aura lieu le 24 novembre.