Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué
que l'ambassadeur suisse en Chine, Blaise Godet, s'y était rendu
jeudi de son propre chef, après la décision prise la veille par
Berne d'accueillir deux Ouïgours sur son territoire.
La Chine répète son désaccord
Les autorités
chinoises ont pris note de la position suisse et lui ont fait part
leur mécontentement, a-t-il ajouté. Cette information a été
confirmée par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE)
jeudi à l'ATS, sans plus de précisions.
"La position de la Suisse va certainement miner les relations
sino-helvétiques", a déclaré Ma Zhaoxu, porte-parole du ministère
des Affaires étrangères, lors d'un point de presse.
"Ces suspects ouïgours étaient membres de l'organisation
terroriste du Mouvement islamique du Turkestan oriental", a-t-il
assuré, soulignant que le groupe était défini comme tel par les
Nations unies.
Retour en Chine demandé
Pékin réclame le retour sur le territoire chinois des membres de
cette communauté de langue turque et de confession musulmane. "Tous
les Etats membres devraient refuser d'accueillir ceux qui ont
financé, projeté ou mené des activités terroristes, tous les pays
ont l'obligation d'appliquer ces obligations internationales, la
Suisse aussi", a-t-il souligné.
Le porte-parole a précisé que la Chine avait fait "connaître son
opposition lors de la réunion du premier groupe de travail sur un
projet d'accord de libre-échange entre la Chine et la Suisse".
Pékin avait alors averti la Suisse que l'accueil de ces deux
détenus de Guantanamo pourrait porter "atteinte" aux relations
entre les deux pays.
ats/mej
Berne a donné son feu vert mercredi
Le canton du Jura a confirmé mardi son intention d'accueillir sur son sol deux frères ouïgours de nationalité chinoise détenus à Guantanamo.
Puis mercredi, le Conseil fédéral a décidé d'accepter la venue des deux hommes. Dans un communiqué, celui-ci a souligné que la décision avait été prise pour "contribuer à la fermeture du camp américain de Guantanamo".
De son côté, la ministre de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf a insisté sur le fait que cette décision s'inscrit dans la tradition humanitaire de la Suisse.
Cet aspect a primé sur les considérations de politique extérieure lors des réflexions et de la pesée des intérêts, a-t-elle souligné.