Début octobre déjà, plus de 150 personnes avaient été tuées en une semaine, quasiment toutes des manifestants qui réclamaient "la chute du régime". Le mouvement s'était ensuite interrompu avant de reprendre jeudi soir sur l'emblématique place Tahrir de Bagdad.
A la mi-journée, le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, avait appelé les forces de sécurité et les manifestants à la "retenue" pour éviter le "chaos". Mais en fin de journée, le bilan officiel étaient de 24 manifestants tués, dont 8 à Bagdad uniquement.
Heurts dans tout le pays
La moitié des manifestants tués l'ont été par balles alors qu'ils s'en prenaient à des QG d'Assaïb Ahl al-Haq ("La ligue des vertueux" en arabe) -l'une des factions les plus puissantes du Hachd- à Nassiriya et Amara, dans le sud, selon des sources médicales et policières. Trois autres ont péri dans la ville pétrolière de Bassora (sud), en proie l'été 2018 à une semaine de violences similaires.
Des couvre-feux ont été imposés à Bassora, Babylone et Nassiriya, mais les rassemblements continuent dans d'autres villes du sud. A Kerbala, ville sainte chiite, les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et actionné leurs canons à eau brûlante pour tenter d'en venir à bout.
A Bagdad, les forces de sécurité ont tiré des barrages de grenades lacrymogènes et assourdissantes pour repousser vers la place Tahrir les manifestants qui tentaient d'entrer dans la Zone verte non loin, où siègent le pouvoir irakien et l'ambassade des Etats-Unis. Des centaines de personnes ont été blessées.
Une escalade encore redoutée
La prochaine étape de l'escalade redoutée est l'arrivée dans la rue des nombreux partisans du turbulent leader chiite Moqtada Sadr. En 2016, ces derniers avaient occupé les institutions du pays dans la Zone verte.
Les manifestants n'ont qu'un mot d'ordre, "la chute du régime des voleurs", dans un riche pays pétrolier en pénurie chronique d'électricité et d'eau potable et, surtout, miné par la corruption.
Déclenchées spontanément le 1er octobre par des appels sur les réseaux sociaux, les manifestations avaient été marquées jusqu'au 6 octobre par la mort de 157 personnes, quasiment tous des manifestants et en très grande majorité à Bagdad, selon le bilan officiel.
afp/boi