Depuis le 30 août, le pétrole d'origine inconnue a pollué plus de 2250 km de côtes et près de 200 plages sans que le gouvernement fédéral prenne la mesure de la gravité de la situation.
Ce sont les vidéos des volontaires sur les réseaux sociaux qui disent le mieux la gravité de cette marée noire. On y voit des habitants et pêcheurs à mains nues tentant de contenir l’arrivée d’amas de pétrole sur leurs plages - la plupart du temps sans aucune aide du gouvernement fédéral.
Réaction bien trop tardive
Comme avec les incendies en Amazonie en août dernier, le gouvernement brésilien a réagi bien trop tard à cette catastrophe écologique. Il existait pourtant un plan contre les marées noires, mais il n’a pas été mis en place (lire encadré). Et aujourd'hui, les services officiels ne parviennent toujours ni à contenir son avancée ni à en quantifier l'impact écologique, économique ou sanitaire.
Les premières traces de pétrole sont apparues le 30 août dernier et le gouvernement vient à peine de prendre la mesure du désastre. L’ONG Greeenpace a dû déverser du pétrole devant le palais présidentiel pour que le président Jair Bolsonaro évoque enfin la tragédie.
Impact inéluctablement "énorme"
"C'est une situation très critique", estime Anna Carolina Lobo, responsable du programme de protection des océans de l'antenne brésilienne du Fonds mondial pour la Nature (WWF). "Il n'est pas encore possible de quantifier les dégâts, mais nous savons que les côtes peuvent mettre au moins vingt ans pour s'en remettre et l'impact économique pour la pêche et le tourisme est énorme", poursuit-elle.
Des analyses de la compagnie pétrolière publique Petrobras ont montré que le pétrole était un "mélange issu de trois champs vénézuéliens", mais la cause de la pollution n'a toujours pas été établie.
Plusieurs dizaines de tortues, d'oiseaux ou de dauphins sont déjà morts à cause de la marée noire, dont les nappes commencent à s'approcher de zones de migrations de baleines.
oang avec Anne Vigna et l'afp
Greenpeace encore accusée d'écoterrorisme
Une enquête du journal O Globo a montré que les autorités ont attendu 41 jours pour finalement mettre en place le plan national d'urgence prévu pour ce genre de situation.
Environ 5000 militaires ont finalement été mobilisés cette semaine, plus de 50 jours après l'apparition des premières galettes sur les plages.
Le ministre de l'Environnement Ricardo Salles assure cependant que le gouvernement a pris les mesures adéquates dès le début.
Il n'a cessé de s'en prendre à Greenpeace, accusant ses militants d'écoterrorisme et insinuant même qu'un navire de l'ONG pourrait être à l'origine de la marée noire.
Des accusations similaires contre les ONG avaient déjà été proférées par le chef de l'Etat et certains ministres dans le cadre des incendies en Amazonie.