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Donald Trump annonce la mort du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi

MORT CHEF EI TRUMP
Donald Trump annonce la mort du chef de l'Etat islamique / L'actu en vidéo / 53 sec. / le 27 octobre 2019
Le président américain a annoncé dimanche depuis la Maison Blanche la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi. Le chef du groupe Etat islamique se serait donné la mort dans la nuit de samedi à dimanche au cours d'un raid militaire américain dans le nord de la Syrie.

Le chef du groupe djihadiste s'était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection avec trois de ses enfants, a expliqué Donald Trump. Les résultats de l'analyse ADN ont confirmé son identité, a-t-il affirmé. "Il a déclenché sa veste (d'explosifs), se tuant ainsi que les trois enfants", a-t-il précisé en ajoutant qu'un "grand nombre" de combattants de l'EI sont également morts dans cette opération.

>> Regarder le 19h30 revenir sur la traque du chef de Daech :

Plusieurs bâtiments ont été détruits lors de l'opération qui a conduit à la mort du leader de Daech. [Keystone/AP Photo - Ghaith Alsayed]
Le dirigeant de l'Etat islamique est mort à la suite d'une opération militaire emmenée par les forces spéciales américaines. / 19h30 / 2 min. / le 27 octobre 2019

Il est mort "comme un chien", a ajouté le président américain, qui a suivi l'assaut en direct. "Il est mort après avoir couru dans un tunnel sans issue, gémissant, pleurant et criant", a-t-il encore relaté. Lors de ce discours retransmis en direct à la télévision, Donald Trump a remercié la Russie, la Syrie, la Turquie et l'Irak pour leur soutien.

La Turquie a affirmé de son côté avoir été en "coordination" avec les Etats-Unis avant le déroulement de l'opération. "En préalable à l'opération américaine dans la province d'Idleb en Syrie la nuit dernière, des échanges d'informations et une coordination ont eu lieu entre les autorités militaires des deux pays", a affirmé dans un tweet le ministère turc de la Défense. Le ministère turc n'a apporté aucun autre détail.

Le chef des forces kurdes en Syrie a également salué une "opération historique" menée grâce à un "travail conjoint des renseignements" avec les Etats-Unis.

Et le commandement militaire irakien a annoncé avoir fourni la localisation du chef du groupe djihadiste Etat islamique. "Une section spécialisée a travaillé pendant un an" et "le renseignement national a pu (...) localiser le repaire" de Baghdadi, indique un communiqué.

Une mort mise en doute par Moscou

La mort d'Al Baghdadi, qui avait proclamé le califat de l'EI le 29 juin 2014, avait déjà été annoncée à de nombreuses reprises. Dans un de ses derniers messages, il avait revendiqué 92 opérations dans huit pays différents, dont les attentats de Pâques au Sri Lanka.

Le ministère russe de la Défense a émis des doutes sur une "énième mort" du chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi. Il demande une preuve de l'opération militaire américaine en Syrie. Le ministère précise encore que la mort d'un chef de l'Etat islamique n'a pas d'importance depuis que les milices terroristes ont été démantelées en Syrie début 2018.

L'une des rares images (tirée d'une vidéo) d'Abou Bakr al-Baghdadi. [AP/Keystone - Al-Furqan media]
L'une des rares images (tirée d'une vidéo) d'Abou Bakr al-Baghdadi. [AP/Keystone - Al-Furqan media]

La dernière apparition de Baghdadi, la première en cinq ans, remontait à une vidéo de propagande du 29 avril où il appelait ses partisans à poursuivre le combat. Le "califat" territorial de l'EI a été déclaré défait par les Américains en mars dans son dernier réduit en Syrie.

L'opération militaire américaine est la plus importante visant un haut responsable djihadiste depuis la mort, le 2 mai 2011, d'Oussama Ben Laden, chef d'Al-Qaïda tué par les forces spéciales américaines à Abbottabad au Pakistan.

Commandos héliportés

En tout début de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, avait fait état d'une opération de commandos américains héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d'Idleb (nord-ouest).

Les tirs de huit hélicoptères ont visé après minuit une maison et une voiture aux abords du village de Baricha, à quelques kilomètres de la frontière turque, a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH.

Cette opération, sur laquelle Donald Trump avait entretenu le suspense en tweetant plus tôt samedi que "quelque chose de très grand vient de se passer", constitue un des plus importants succès du locataire de la Maison blanche en matière de sécurité nationale et vient à point nommé pour l'aider à combattre la procédure de destitution lancée le mois dernier par l'opposition démocrate.

Période intense sur le plan militaire en Syrie

Ce développement intervient dans une période d'intense activité militaire dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont lancé le 9 octobre une vaste offensive contre les forces kurdes.

De leur côté, Damas et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière turque, tandis que les Américains ont annoncé l'envoi de renforts militaires dans l'est pétrolier de la Syrie.

>> Lire : Les Kurdes fuient en masse vers les camps de réfugiés irakiens

Agences/oang/vic

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Un "calife" terré dans l'ombre

Abou Bakr al-Baghdadi a toujours vécu terré dans l'ombre, même lorsque, autoproclamé "calife", il présidait aux destinées de sept millions de personnes en Syrie et en Irak. C'est à Mossoul que le chef de l'EI avait fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri.

Surnommé le "fantôme", Abou Bakr al-Baghdadia a d'abord été un étudiant en religion timide puis un combattant djihadiste de second rang. Mais cet Irakien de 48 ans est parvenu à réaliser l'alliance entre djihadistes convaincus venus du monde entier et anciens militaires de l'armée de Saddam Hussein, laïque et socialiste, atout clé pour conquérir en 2014 un territoire grand comme la Grande-Bretagne.

S'il a été le premier chef djihadiste à instaurer un proto-Etat, son "califat" autoproclamé a fait long feu. Le dernier réduit de l'EI est tombé en mars dernier à Baghouz, en Syrie, et des dizaines de milliers de ses djihadistes sont désormais dans les prisons des Kurdes de Syrie ou de l'Etat irakien.

>> Regarder son portrait dressé dans le 19h30:



"Abou Bakr al-Baghdadia a fait le choix de la violence. Il a grandi dans cette violence post-invasion américaine en 2003. C'est l'enfant des tortures d'Abu Ghraib (...). Il y a vraiment une mission de revanche très claire" dans ses actions, estime le professeur d'histoire internationale et politologue Mohamed Mohamedou.

>> Ecouter son analyse:


Un discours vengeur

"C'est un discours très chargé émotionnellement. On sent qu'il y a règlement de compte. Ça fait penser aux déclarations qui, depuis le lancement de la guerre contre la terreur, sont systématiquement vengeresses", analyse la politologue et spécialiste des mouvances islamistes Myriam Benraad en évoquant le discours de Donald Trump.

Elle se pose la question de l'impact que son discours et son contenu vont avoir sur la base militante de l'EI. "Ce n'était pas forcément la meilleure manière de l'annoncer. Ça peut avoir un effet négatif, ou peut-être encore davantage alimenter une réaction vengeresse de la part des militants", déplore Myriam Benraad.

>> Ecouter son analyse dans l'émission Forum dimanche soir: