Les manifestants, au nombre de 80'000 selon la police, ont descendu l'avenue du paseo de Gracia en brandissant des drapeaux espagnols et catalans et en criant "ça suffit" ou "les rues sont à tout le monde". Un des slogans des indépendantistes, qui étaient samedi 350'000 à manifester à Barcelone, est justement "les rues seront toujours à nous".
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Cette riche région de 7,5 millions d'habitants est divisée depuis la montée de la vague indépendantiste en 2012. Le dernier sondage publié en juillet réalisé par le gouvernement régional séparatiste de Catalogne donnait 44% de partisans de l'indépendance contre 48,3% d'adversaires.
La marche avait été convoquée par l'association Societat civil catalana (SCC), pour démontrer que les anti-indépendantistes forment une majorité silencieuse. "C'est un message important pour la Catalogne, l'Espagne et le monde, où l'on confond souvent indépendantisme et Catalogne", alors que "nous sommes la majorité", a déclaré le président de la SCC Fernando Sánchez Costa.
"Violence inacceptable"
A quinze jours des législatives du 10 novembre, les dirigeants des partis de droite espagnols et certaines membres du gouvernement socialiste s'étaient joints à la manifestation.
Le ministre des Affaires étrangères, le catalan Josep Borrell, a dénoncé "un niveau de violence inacceptable, jamais vu depuis les années 80" dans les manifestations indépendantistes après la condamnation par la Cour suprême de neuf leaders séparatistes à de lourdes peines de prison le 14 octobre. Les principales villes de Catalogne avaient alors été le théâtre pendant quatre nuits de scènes de combat de rue qui ont fait plus de 600 blessés, dont près de la moitié étaient des policiers.
"Séparatisme criminel" pour l'extrême droite
Pablo Casado, chef du Parti Populaire, principale force d'opposition, a demandé au gouvernement socialiste de "garantir les libertés de tous les Catalans" et de rompre plus nettement avec les indépendantistes. Arrivé au pouvoir en juin 2018 en partie grâce aux votes des séparatistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé avec eux un dialogue qui a vite tourné court. Mais la droite continue à l'accuser de faiblesse envers les séparatistes.
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Le chef du parti d'extrême droite Vox, Santiago Abascal, s'est présenté samedi comme le seul à pouvoir relever le défi des indépendantistes. "Face aux trahisons du Parti socialiste, il n'y a que Vox, face au séparatisme criminel, il n'y a que Vox", s'est-il écrié devant 20'000 de ses partisans à Madrid. Son parti est entré au parlement en avril en remportant 24 sièges sur 350, mais plusieurs sondages récents en font la troisième force au parlement lors du prochain scrutin.
ats/vic