Arrivé au pouvoir en juillet en promettant que la sortie de l'Union européenne aurait lieu "coûte que coûte" le 31 octobre, le Premier ministre avait juré qu'il préférait être "mort au fond d'un fossé" plutôt que demander un nouvel ajournement.
Mais il a dû demander aux Européens un report jusqu'au 31 janvier, son accord de divorce négocié avec Bruxelles n'ayant pas passé l'épreuve du Parlement.
"Aujourd'hui aurait dû être le jour où le Brexit était réalisé et où nous aurions enfin quitté l'UE", a relevé Boris Johnson avant de visiter une école, un hôpital et un poste de police, indiquant ainsi clairement sur quels thèmes va porter sa campagne pour ces législatives, les troisièmes en quatre ans.
Jeremy Corbyn pointé du doigt
Si le Brexit ne s'est finalement pas fait, ce n'est pas sa faute, mais celle de Jeremy Corbyn, chef des travaillistes, principale formation de l'opposition, a assuré le Premier ministre. Ce dernier craint à présent de perdre les voix des électeurs pro-Brexit pour promesse non tenue.
"Malgré l'excellent nouvel accord que j'ai conclu avec l'UE, Jeremy Corbyn s'est opposé à ce que cela puisse arriver, préférant plus d'indécision, plus de report et plus d'incertitude pour les familles et les entreprises", a ajouté le chef du gouvernement conservateur.
Presque immédiatement après son accession à la tête de l'exécutif il y a 100 jours, Boris Johnson a engagé une guerre ouverte avec les députés, qu'il oppose au "peuple" dont il se veut le représentant.
"Le dernier mot au peuple"
Ces accusations d'entrave au Brexit ont été balayées par Jeremy Corbyn: "Boris Johnson a passé des mois à promettre que nous sortirions de l'UE aujourd'hui. Son incapacité à le faire relève de sa seule et unique responsabilité", a-t-il réagi sur Twitter.
Les travaillistes espèrent pouvoir négocier leur propre accord avec Bruxelles avant de le soumettre à référendum. "Le Labour résoudra le Brexit en donnant le dernier mot au peuple dans les six mois, en leur donnant le choix entre un accord de divorce crédible ou le maintien (dans l'UE). Et nous mettrons à exécution ce que vous décidez", a promis Jeremy Corbyn, sans lever le voile sur sa propre préférence.
Pour sortir de l'impasse du Brexit, qui paralyse le Royaume-Uni depuis le référendum de juin 2016 qui l'a voté à 52%, le Parlement s'est résolu mardi à convoquer des législatives anticipées le 12 décembre.
ats/ther
John Bercow laisse son fauteuil après 10 ans
Il est devenu une figure clé du Brexit avec ses tonitruants "Order!", ses répliques cinglantes et des décisions parfois jugées partiales. Le président conservateur de la Chambre des communes, John Bercow, quitte jeudi son fauteuil après dix ans en poste.
Pour le Royaume-Uni, le 31 octobre devait rester dans l'histoire comme marquant la fin de près d'un demi-siècle dans le giron européen. A 56 ans, le "speaker" avait logiquement choisi cette date pour tourner la page.
Mais la sortie de l'UE a été repoussée pour la troisième fois. Au moment où commence une nouvelle saison de l'interminable feuilleton, avec des élections législatives anticipées, le pays dit au revoir à l'un de ses personnages les plus truculents, dont le successeur sera désigné lundi parmi neuf candidats.
Avec sa robe de soie noire et ses cravates criardes, il a dirigé les débats tambour battant, criant son fameux "Order!" 14'000 fois en dix ans, selon les calculs de la BBC. Surtout, son interprétation personnelle de ses attributions, parfois au détriment des gouvernements successifs, lui a conféré un rôle plus décisif que celui de ses prédécesseurs.