Conformément à la procédure de l'examen périodique universel
(EPU), le débat a été ouvert par la délégation iranienne menée par
Mohamad Jabad Larijani, secrétaire général du Conseil supérieur des
droits de l'homme d'Iran, venu spécialement de Téhéran pour
proclamer "le ferme engagement de l'Iran en faveur de la promotion
et de la protection des droits de l'homme".
La réplique lui a été aussitôt donnée par le secrétaire d'Etat
adjoint américain pour les droits de l'homme Michael Posner qui a
"condamné fermement la répression violente et injuste de citoyens
iraniens innocents, qui s'est traduite par des arrestations, des
blessés et des morts".
La Suisse demande des changements
La Suisse a elle formulé cinq recommandations à l'Iran. Elle
demande de "limiter" les condamnations à la peine capitale et les
exécutions. Elle recommande aussi "l'abolition de la peine de mort
contre les jeunes délinquants". La Suisse demande en outre
d'interdire les lapidations, amputations et flagellations, "peines
cruelles qui contreviennent aux engagements internationaux de
l'Iran".
Le droit à la liberté d'expression et d'association doit être
garanti, poursuit la déclaration suisse. La Suisse recommande en
outre "d'enquêter sur les cas d'exécutions extrajudiciaires et de
torture et de garantir aux détenus un procès équitable conforme aux
normes internationales". Elle souhaite aussi que l'Iran abolisse
toutes les lois discriminatoires à l'encontre des minorités
ethniques et religieuses (arabe, jurde, baha'ie).
Le représentant de la France, l'ambassadeur Jean-Baptiste Mattéi,
a de son côté dénoncé "les autorités (qui) se livrent à une
répression sanglante contre leur propre population qui revendique
pacifiquement ses droits".
Actes de torture
Depuis la réélection
contestée en juin 2009 du président Mahmoud Ahmadinejad, "des
dizaines de personnes ont été tuées, des milliers d'autres ont été
emprisonnées, des actes de torture et de viol ont été rapportés", a
lancé le diplomate français, en demandant au régime iranien
"d'accepter la création d'un mécanisme d'enquête international,
crédible et indépendant, pour faire la lumière sur ces
violations".
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont appelé les
autorités de Téhéran à ouvrir leurs frontières au rapporteur de
l'ONU sur la torture, ainsi qu'aux autres experts des Nations unies
en matière de droits de l'homme qui n'ont pu se rendre en Iran
depuis cinq ans.
Soutien de pays latino-américains
Le régime iranien a cependant reçu le soutien sans nuances du
Nicaragua, de Cuba et du Venezuela qui ont salué les "réalisations"
de Téhéran en matière d'éducation et de santé. Le représentant du
Nicaragua a également appelé la communauté internationale à "tenir
compte du contexte culturel" plutôt que de condamner l'application
de la loi islamique en Iran.
Grâce à un dispositif policier considérable, les autorités sont
parvenues à circonscrire les manifestations hostiles au président
Mahmoud Ahmadinejad à l'occasion de la célébration du 31e
anniversaire de la révolution islamique le 11 février
dernier.
La procédure d'EPU, qui s'applique pour la première fois à l'Iran,
doit permettre au Conseil des droits de l'homme de passer en revue
en quatre ans la situation dans les 192 Etats membres de
l'ONU.
agences/ak
Manifestation sur la place des Nations
Plus de 500 opposants au régime iranien ont commencé à manifester lundi matin devant le siège de l'ONU à Genève, à l'occasion de l'examen par le Conseil des droits de l'homme de la situation en Iran.
Venus de toute l'Europe, les manifestants représentent plusieurs tendances politiques de l'opposition. Ils doivent rester jusqu'à mercredi sur la place des Nations afin de faire pression sur les gouvernements et l'ONU.
Sur la place des Nations, de nombreuses banderoles réclament la libération des prisonniers politiques, la fin de la torture, les droits des femmes, la fin de la dictature. D'autres affirment: "Stop aux exécutions en Iran", "Ahmadinehad n'est pas le président de l'Iran". Des tentes ont été montées sur la place pour accueillir les manifestants.
Les Etats-Unis craignent une dictature militaire
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a déclaré lundi qu'aux yeux de l'administration Obama, l'Iran devenait une dictature militaire.
Lors d'une intervention devant des étudiants arabes sur le campus Carnegie Mellon au Qatar, Hillary Clinton a souligné que l'unité des gardiens révolutionnaire semble avoir gagné tellement de pouvoir qu'il supplante effectivement le gouvernement.
"L'Iran se dirige vers une dictature militaire", a déploré la cheffe de la diplomatie américaine.
La semaine dernière, l'administration Obama a décidé de nouvelles sanctions contre des entités iraniennes basées aux Etats-Unis et affiliées aux Gardiens de la Révolution.
Les actifs du général Rostam Qasemi et de quatre sociétés, tous en lien avec le corps d'élite des pasdarans, seront gelés pour leur implication présumée dans la production et la dissémination d'armes de destruction massives.