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Plans d'austérité: le Portugal proteste à son tour

A Lisbonne, de nombreuses personnes ont dû faire face aux fermetures des bureaux.
A Lisbonne, de nombreuses personnes ont dû faire face aux fermetures des bureaux.
La crise économique n'en finit pas de créer des tensions en Europe. Le Portugal a été confronté jeudi à une grève des fonctionnaires, qui luttent contre le plan d'austérité imposé par le gouvernement pour réduire les déficits. La Grèce et la Finlande ont aussi fait face à des protestations.

Le mouvement était annoncé comme l'un des plus importants en
quatre ans, mais la participation a finalement été limitée dans le
pays et aucune manifestation n'était prévue. Le mouvement a
rassemblé 80% des fonctionnaires selon les syndicats et 14% selon
le gouvernement. Des écoles, des hôpitaux et des tribunaux ont été
fermés et la collecte des ordures suspendue.



L'appel à la grève avait été donné par les trois principaux
syndicats du secteur suite au plan d'austérité décidé par le
gouvernement. Les syndicats exigent du gouvernement qu'ils
reviennent sur le gel des salaires et d'autres réductions des
dépenses.

Serrer son poing dans la poche

Le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, Goncalo
Castilho dos Santos, a prévenu jeudi que le gouvernement n'avait
pas l'intention de revoir sa copie. Les Portugais "ne peuvent pas
sacrifier le bien commun" pour des revendications individuelles,
a-t-il prévenu. Ces mesures, intégrées dans le projet de loi de
finances, doivent néanmoins être approuvées par le Parlement, la
semaine prochaine.



Comme la Grèce et l'Espagne, le Portugal est confronté à un
déficit public qui a atteint les 9,3% l'an dernier PIB (contre 2,8%
en 2008). La dette publique doit atteindre cette année les 85,4% du
Produit intérieur brut, contre 76,6% l'an dernier.

Série de mesures

Le gouvernement socialiste a annoncé le mois dernier, dans le
cadre de son projet de budget pour 2010, une série de mesures
d'austérité touchant particulièrement les fonctionnaires.



Le gouvernement a prévu de réduire les effectifs de la fonction
publique, selon la règle d'une embauche pour deux départs. Il a
également annoncé un renforcement des pénalités pour les départs
anticipés à la retraite.



Fin 2009, le Portugal comptait environ 675.000 fonctionnaires,
soit 73'000 de moins qu'en 2005. Sur les quatre prochaines années,
le gouvernement prévoit de continuer à réduire les effectifs de la
fonction publique entre 7,5 et 10%.



D'autres mesures pourraient être bientôt annoncées dans le cadre
du programme de stabilité et de croissance que le gouvernement
socialiste doit présenter à Bruxelles et par lequel il s'engagera à
ramener le déficit sous les 3% d'ici 2013. Toutefois, le
gouvernement a promis de ne pas augmenter les impôts.



Cette grève des fonctionnaires est la première depuis les
législatives de septembre dernier qui ont reconduit le gouvernement
socialiste de José Socrates, tout en le privant de majorité au
parlement.

Nouvelles manifestations en Grèce

Jeudi soir, en Grèce, près de 10'000 personnes ont manifesté
dans le centre d'Athènes et à Salonique. Elles ont protesté contre
les mesures d'austérité décidées la veille par le gouvernement
socialiste grec. Les manifestants ont appelé à la grève vendredi,
jour où doit être voté par le parlement le train de mesures
destinées à faire économiser 4,8 milliards d'euros à la Grèce. Les
transports aériens, urbains et ferroviaires devraient être
perturbés vendredi.



Sur le plan économique, l'émission obligataire lancée jeudi par la
Grèce a suscité une forte demande de la part des investisseurs. La
demande a atteint seize milliards d'euros pour un montant proposé
de cinq milliards d'euros. La Grèce a en outre obtenu des
investisseurs un taux un peu moins élevé que ce qui était attendu,
à 6,38%. Le lancement de cet emprunt sur dix ans était considéré
comme un test important de la capacité du pays à rassurer les
marchés et à emprunter seul.



agences/bri

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L'Allemagne veut ses îles grecques

Des députés allemands ont appelé la Grèce à vendre des îles pour aider à financer sa dette, rapporte jeudi le quotidien populaire allemand Bild. "L'Etat grec doit renoncer à sa participation dans des sociétés, et vendre des propriétés foncières, comme par exemple des îles inhabitées", a affirmé au journal le député libéral Frank Schäffler.

"Les Grecs doivent économiser. Depuis des années ils dépensent trop (...) Toute autre solution reviendrait à donner encore une bouteille de schnaps à un alcoolique. Cela ne change rien au problème de la dépendance", a affirmé Frank Schäffler sur la chaîne tv N24.

Pour le député du parti CDU d'Angela Merkel, Marco Wanderwitz, si l'Union européenne venait à aider financièrement la Grèce, il faudrait des garanties en échange". "Quelques îles pourraient ainsi faire l'affaire", selon le député. Selon le ministère du tourisme grec, la Grèce compte quelque 6000 îles, pour la plupart inhabitées. Une île grecque inhabitée est actuellement à vendre pour 45 millions d'euros, souligne Bild.

En 1993, plusieurs députés allemands avaient déjà provoqué une vive querelle avec l'Espagne en suggérant que Berlin achète l'île de Majorque, haut-lieu de villégiature pour les touristes allemands. La chancelière Angela Merkel doit recevoir vendredi le Premier ministre grec Georges Papandréou, dont le gouvernement a annoncé mercredi de nouvelles mesures d'austérité pour réduire son déficit public.

Crise en France et en Finlande aussi

En France, le taux de chômage a atteint la barre symbolique des 10% de la population active au quatrième trimestre 2009, pour atteindre son plus haut niveau depuis 10 ans, selon des chiffres publiés jeudi par l'institut national de la statistique (Insee).

"Pour la France métropolitaine (hors départements d'outre-mer), le taux de chômage s'établit à 9,6%, soit plus de 2,7 millions de personnes. Il augmente de 0,5 point par rapport au troisième trimestre 2009 et retrouve son niveau de 1999", a précisé l'Insee.

Le taux de chômage français, calculé selon les normes du BIT, avait recommencé à progresser en 2008, après avoir reculé à partir de 2006.

En Finlande, plus de 3000 dockers ont cessé le travail jeudi matin après l'échec d'une négociation-marathon durant la nuit sur la convention collective. La grève, qui a paralysé tous les ports commerciaux de Finlande, pourrait coûter 100 millions d'euros par jour"au pays.

Le Premier ministre Martti Vanhanen a exprimé son inquiétude pour ce "conflit très grave" qui affaiblit encore plus l'économie d'un des pays de la zone euro les plus touchés par la crise et extrêmement dépendant de ses exportations.