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New Delhi suffoque sous un smog au taux de particules fines affolant

New Delhi: la capitale indienne connait l'un des plus violents épisodes de pollution atmosphérique
New Delhi: la capitale indienne connait l'un des plus violents épisodes de pollution atmosphérique / 19h30 / 2 min. / le 4 novembre 2019
New Delhi s'est réveillée dimanche dans un brouillard de pollution particulièrement dense, forçant de nombreux vols à se dérouter vers d'autres aéroports.

La capitale indienne de 20 millions d'habitants connaît chaque année des épisodes très violents de pollution d'air, dus à la fois à la circulation automobile, aux rejets industriels et aux fumées des brûlis agricoles qui battent leur plein dans les régions voisines.

Les concentrations de particules fines PM2,5 ont atteint des sommets, en raison notamment de légères précipitations samedi soir, selon l'agence indienne surveillant la qualité de l'air (Safar). Pour la capitale indienne, hiver rime souvent avec pollution atmosphérique en raison de l'humidité qui emprisonne les particules fines et les empêche de se dissiper. Selon l'Organisation mondiale pour la santé (OMS), New Delhi est la 6e ville la plus polluée au monde.

Taux 32 fois supérieur aux recommandations

L'ambassade américaine à New Delhi enregistrait dimanche matin une concentration de particules fines PM2,5 de 810 microgrammes par mètre cube d'air. L'Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 en moyenne journalière.

"La pollution a atteint des niveaux insupportables", a déploré dimanche sur Twitter le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal.

Nombre d'habitants se plaignaient de problèmes à la gorge et aux yeux. Beaucoup tentaient de se protéger avec des masques.

Les habitants tentent de se protéger avec des masques. [AFP - Sajjad Hussain]
Les habitants tentent de se protéger avec des masques. [AFP - Sajjad Hussain]

La visibilité était tellement mauvaise que les compagnies Air India et Vistara ont annoncé de nombreux retards sur les aéroports de la capitale, et ont détourné des vols sur les villes voisines.

Guerre politique

Les autorités fédérales et locales se sont renvoyées la responsabilité de cette situation. Dans un tweet la semaine dernière, Arvind Kejriwal a appelé les gouvernements des Etats voisins du Punjab et de Haryana à agir. "Delhi est devenu une chambre à gaz à cause des brûlis dans les Etats voisins", a-t-il dit.

Le ministre fédéral de l'Environment Prakash Javadekar a accusé Arvind Kejriwal de politiser le problème et de faire des deux Etats voisins les bouc-émissaires de la crise.

Un million de décès

Les écoles de Delhi seront fermées jusque mardi tandis que la circulation alternée doit être mise en place du 4 au 15 novembre. Les véhicules ne pourront rouler qu'un jour sur deux selon que leur plaque d'immatriculation finit par un chiffre pair ou impair. L'état d'urgence sanitaire a même été décrété.

En 2017, la pollution de l'air a causé 1,2 million de décès prématurés en Inde, selon l'estimation d'une étude parue l'année dernière dans la revue scientifique The Lancet.

Un rapport de l'ONU avait affirmé l'an passé que 14 des villes les plus polluées au monde se trouvaient en Inde.

afp/jfe

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Un énorme risque pour la population

Interrogé par la RTS, le climatologue de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) Paolo Ruti explique que les pics de pollution atteints à New Dehli sont dus à un positionnement géographique et topographique favorable à la stagnation de la pollution: "A l'heure actuelle, il n'y pas de pluie et pas assez de vent. La pollution reste donc dans la basse couche de l'atmosphère".

Dans les prochains jours, les concentrations de particules fines devraient descendre au-dessous des pics à 500 microgrammes/m3 mesurés lundi. Les valeurs devraient toutefois rester largement supérieures aux 25 microgrammes/m3 préconisés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Et le risque pour la population est énorme. "A long terme, une telle pollution engendre beaucoup de problèmes respiratoires et cardio-vasculaires. Mais ce n'est pas tout. On est encore en train de découvrir de nouveaux risques à l'heure actuelle", observe Sophie Gumy, spécialiste de la qualité de l'air à l'OMS.