Selon un sondage publié dimanche par le quotidien El Pais, le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sanchez arriverait en tête de ce quatrième scrutin en quatre ans, avec 121 députés, mais perdrait donc deux sièges par rapport aux dernières élections du 28 avril.
L'enquête a été réalisée du 23 au 29 octobre, soit après les violences ayant suivi la condamnation de dirigeants séparatistes en Catalogne.
Le socialiste serait donc toujours loin de la majorité absolue de 176 sièges à laquelle il n'arriverait pas non plus avec l'appui des autres formations de gauche: Podemos (gauche radicale), qui reculerait de 42 à 31 sièges, et Mas Pais (5 sièges).
Fin du bipartisme
L'Espagne vit une situation d'instabilité politique depuis que le bipartisme a volé en éclats en 2015 avec l'entrée en force au Parlement de Podemos et de Ciudadanos.
Invité de La Matinale de la RTS lundi, Sébastien Farré, directeur exécutif de la Maison de l'Histoire à l'Université de Genève, ne croit pas, lui non plus à un déblocage, d'autant plus que la crise catalane joue un rôle important dans cette problématique: "C'est un peu l'ombre portée sur toutes les discussions politiques depuis quelques mois" rappelle-t-il, car "la situation catalane, c'est à la fois le produit de la crise politique qui se tisse en Espagne mais aussi un élément qui oriente les débats. Finalement, c'est impossible de parler des problèmes profonds auxquels l'Espagne doit faire face en termes économiques, en termes de marché du travail sans évoquer dans un premier temps la crise catalane".
Un nationalisme réveille l'autre
Pour Sébastien Farré, un accord - qui pourrait par exemple mener à la formation d'un gouvernement d'union nationale - n'a pratiquement aucune chance de voir le jour tant "la crispation entre les partis, entre leurs leaders" est intense. "Ils ne savent plus quoi se dire, ils n'ont plus vraiment d'idées à discuter."
Quant à la montée de Vox, le parti d'extrême droite, elle est inédite, note le chercheur, et "l'émergence de cette formation renforce cette atomisation du rapport de force entre la gauche et la droite. C'est aussi le produit de la situation en Catalogne. Le nationalisme catalan réveille le nationalisme espagnol."
Sébastien Farré fait enfin remarquer qu'entre 1982 et 2016, l'Espagne était un parangon de stabilité politique puisqu'elle n'a eu que quatre chefs de gouvernement et qu'en ce moment personne n'a suffisamment d'expérience gouvernementale pour mener le pays vers une sortie de crise, une crise qui prend de plus en plus les mêmes allures inquiétantes que la situation italienne.
Propos recueillis par Romaine Morard
ats/pym