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Tripoli n'accorde plus de visas

Mouammar Kadhafi a appelé les musulmans à ne pas traiter avec la Suisse.
La Libye n'octroye plus de visas aux ressortissants de l'espace Schengen.
La Libye met ses menaces à exécution: elle n'accorde plus de visas d'entrée aux citoyens de l'espace Schengen. La Commission européenne déplore une décision "unilatérale et disproportionnée". Quant à l'Italie, elle accuse la Suisse de "prendre en otage" les pays de l'espace Schengen.

"Pas de visas pour les Européens, sauf pour la Grande-Bretagne",
qui n'est pas signataire de l'accord Schengen, a dit lundi à
Reuters un responsable de l'aéroport de Tripoli, sous couvert de
l'anonymat. Le responsable n'a fourni aucune explication à cette
décision, qui n'a pas reçu confirmation du gouvernement libyen.
Mais le journal "Oea" - proche de Seif Al-Islam, fils du numéro un
libyen Mouammar Kadhafi - cite un responsable annonçant la même
mesure.



Ce journal a aussi rapporté dimanche que la Suisse avait interdit
à 188 responsables libyens d'entrer sur son sol, avec en toile de
fond la crise diplomatique entre les deux pays suite à
l'arrestation d'Hannibal Kadhafi en juillet 2008 à Genève.

Réunion cette semaine

Dans un communiqué, la Commission européenne a déploré une
"décision unilatérale et disproportionnée" des autorités libyennes.
Elle regrette aussi que Tripoli ait refusé l'entrée à des voyageurs
arrivant dans le pays alors qu'ils avaient obtenu légalement des
visas avant que la mesure ne soit prise.



La Commission européenne, les Etats membres de l'Union européenne
(UE) et les pays associés à Schengen dans le cadre du groupe des
visas évoqueront cette question avant la fin de la semaine. Ils
décideront d'une "réaction appropriée".



Certains pays concernés ont déjà commencé à réagir. La Suisse
"prend en otage tous les pays de l'espace Schengen", a accusé le
chef de la diplomatie italienne Franco Frattini. Elle doit être
aidée à "résoudre une question bilatérale", mais pas "aux dépens"
de tous, a-t-il estimé.



Selon Rome, la décision libyenne de ne plus accorder de visas aux
ressortissants européens est une mesure de représailles à
l'interdiction faite à 188 responsables libyens d'entrer en
Suisse.

La Suisse reste sur ses positions

Interrogé par l'ATS, le Département fédéral des affaires
étrangères (DFAE) n'a pas souhaité commenter les informations
relatives aux mesures prises par Tripoli. "La Suisse continuera sa
pratique restrictive concernant les visas Schengen à l'égard de la
Libye", a simplement rappelé un porte-parole.



Berne a durci en octobre les conditions d'octroi des visas
Schengen aux ressortissants libyens, face au refus de Tripoli de
coopérer sur le sort des deux Suisses retenus en Libye. Les visas
ne sont plus délivrés "qu'à titre exceptionnel et dans des cas
particuliers".

Conseils aux voyageurs

Certains pays européens comme la France et l'Italie ont
déconseillé dès lundi à leurs ressortissants les voyages en Libye.
Tripoli menaçait depuis plusieurs semaines de durcir sa politique
de visas à l'encontre notamment des hommes d'affaires et chefs
d'entreprises européens travaillant sur son territoire.



ats/lan

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Hannibal au début de la crise

La crise avait éclaté après l'interpellation musclée en juillet 2008 à Genève d'un fils de Mouammar Kadhafi, Hannibal, et de son épouse, sur une plainte de deux domestiques accusant leur employeur de mauvais traitements.

"L'affaire Hannibal" a envenimé les relations entre les deux pays qui ont pris diverses mesures de rétorsion.

Tripoli retient toujours deux hommes d'affaires suisses accusés de "séjour illégal" et d'"exercice d'activités économiques illégales".

"Drôle de façon de négocier"

Sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR), Pierre Bonnard, président de la chambre de commerce française pour les pays du Proche et Moyen-Orient, a lui aussi critiqué la Confédération.

En blanchissant Rachid Hamdani, l'un des Suisses retenu en Libye, de toutes les accusations pesant contre lui, et en diminuant la peine de prison de son compatriote Max Göldi, "les Libyens ont fait des gestes", a estimé Pierre Bonnard. "Mais rien n'est venu de la Suisse", a-t-il déploré. "C'est une drôle de façon de négocier".