La saison des pluies commence en ce début novembre dans l'Etat de Rondônia, l'une des régions les plus touchées par les feux cet été. Dans le village de Panorama, où vit le peuple Karipuna, les effets de la déforestation en cours sont omniprésents.
"On pouvait entendre les tronçonneuses. Ils sont arrivés très très près de chez nous", raconte André Karipuna. Et de préciser: "Ils étaient à 30 minutes ou une heure de marche".
On était prisonniers ici dans le village, comme encerclés
A 26 ans, André est le leader du peuple indigène installé dans cette zone protégée de la forêt amazonienne. "J'ai très peur parce que je suis constamment menacé. Ils disent vouloir la peau du chef et qu'après avoir réglé mon compte, ils viendraient ici pour en finir avec le village. Ils parlent d'exécuter tout le monde", s'inquiète-t-il. Aujourd'hui, les Karipuna - qui ne sont plus que 55 - estiment avoir perdu 80% de leur territoire.
Un combat politique
La Constitution brésilienne prévoit pourtant que les peuples autochtones ont droit à des terres leur étant réservées, où toute exploration minière ou exploitation agricole non traditionnelle est interdite. Une disposition que Jair Bolsonaro, soutenu par le puissant lobby de l'agro-négoce, tente d'annuler depuis son arrivée au pouvoir.
Bien qu'il ne soit pas arrivé à ses fins, la confiscation des terres s'est intensifiée ces derniers mois au Brésil. Bûcherons et éleveurs de bovins accroissent la pression sur les indigènes, profitant de l'allègement des contrôles et de la position de leur président qui préconise l'exploitation commerciale des zones protégées.
Le débat autour de la protection des terres indigènes a connu un nouveau rebondissement ces derniers jours avec la mort de Paulo Paulino, un défenseur de la forêt amazonienne, dans une embuscade tendue par des trafiquants de bois dans le nord-est du Brésil. Reste à savoir si les appels à arrêter ce que certaines ONG qualifient de génocide" seront entendus.
Reportage de Stephen Mossaz, au Brésil/jgal