La toile d'auditions que les parlementaires démocrates tissent depuis plus d'un mois à huis clos pour étayer leurs soupçons contre le milliardaire républicain a poussé l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, Gordon Sondland, à compléter son témoignage fait mi-octobre au Congrès.
Ce témoin-clé, soutien du président Trump dont il a financé la campagne, avait alors dit, sous serment, n'avoir "pas participé" à des actions visant à "geler de l'aide afin de faire pression" sur le gouvernement ukrainien, estimant même qu'une telle attitude serait "inappropriée" voire "illégale" si elle avait comme but "d'influencer une élection américaine".
Or c'est là le coeur de la procédure d'"impeachment": Donald Trump a-t-il suspendu une aide militaire promise à l'Ukraine afin de forcer la main à son homologue ukrainien Volodomyr Zelensky pour qu'il ordonne une enquête sur l'ancien vice-président américain Joe Biden, bien placé pour porter les couleurs démocrates dans la course à la Maison Blanche l'an prochain?
Déposition écrite
Dans son appel controversé du 25 juillet, le président Trump demande au dirigeant ukrainien de se "pencher" sur le cas de Joe Biden et de son fils Hunter, alors membre du conseil d'administration du groupe gazier local Burisma.
Confronté aux récits d'autres hauts responsables déjà récoltés par la Chambre des représentants, Gordon Sondland a adressé lundi aux élus une déposition écrite, rendue publique mardi. Il y fait état d'une conversation du 1er septembre avec Andreï Yermak, un conseiller du président ukrainien, qu'il avait initialement passé sous silence.
"Je me souviens maintenant avoir parlé, en aparté, avec Yermak pour lui dire que la reprise de l'aide américaine n'arriverait sans doute pas jusqu'à ce que l'Ukraine fournisse une déclaration publique contre la corruption dont nous parlions depuis de nombreuses semaines", a-t-il précisé.
Salve de textos
Cette déclaration anticorruption que Washington réclamait de Kiev, et plus précisément du président Zelensky, revient à plusieurs reprises dans des SMS échangés par les principaux acteurs de la politique ukrainienne des Etats-Unis, qui sont déjà entre les mains du Congrès.
Dans une nouvelle salve de textos divulgués mardi, on apprend que les diplomates américains, dont Gordon Sondland, insistaient pour que la déclaration ukrainienne mentionne spécifiquement, parmi les cibles des enquêtes, l'entreprise Burisma, et de vieux soupçons qui circulent dans les milieux trumpistes, jusqu'ici jamais étayés, selon lesquels des Ukrainiens se sont ingérés dans la présidentielle américaine de 2016 au détriment du candidat républicain.
afp/pym