L'Europe "disparaîtra" si elle ne "se pense pas comme puissance dans ce monde", estime le chef de l'Etat dans cet entretien à l'hebdomadaire britannique.
"Je ne crois pas dramatiser les choses, j'essaye d'être lucide", souligne-t-il, tout en pointant trois grands risques pour l'Union européenne: qu'elle ait "oublié qu'elle était une communauté", le "désalignement" de la politique américaine vis-à-vis du projet européen, et l'émergence de la puissance chinoise "qui marginalise clairement l'Europe."
Nécessaire "réveil" des Européens
"Depuis 70 ans, on a réussi un petit miracle géopolitique, historique, civilisationnel: une équation politique sans hégémonie qui permet la paix. (...) Mais il y a aujourd'hui une série de phénomènes qui nous mettent dans une situation de bord du précipice", insiste Emmanuel Macron, qui voit aussi l'UE "s'épuiser sur le Brexit".
En conséquence, le président français estime que si les Européens n'ont "pas un réveil, une prise de conscience de cette situation et une décision de s'en saisir, le risque est grand, à terme, que géopolitiquement nous disparaissions, ou en tous cas que nous ne soyons plus les maîtres de notre destin. Je le crois très profondément."
Washington et Ankara font vaciller l'OTAN
Emmanuel Macron se montre également extrêmement critique vis-à-vis de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, cette alliance politico-militaire entre pays des deux côtés de l'Atlantique.
"Ce qu'on est en train de vivre, c'est la mort cérébrale de l'OTAN", déclare-t-il à The Economist en l'expliquant par le désengagement américain et le comportement de la Turquie, qui en fait partie, dans le conflit syrien.
Le président français estime qu'il faut "clarifier sans attendre les finalités stratégiques" de l'Alliance atlantique. Il appelle à nouveau à "muscler" l'Europe de la défense, alors qu'un sommet de l'OTAN aura lieu à Londres début décembre.
afp/oang
Relancer l'investissement
Le président français plaide par ailleurs, dans l'interview à The Economist, pour une politique d'investissement active en Europe.
Emmanuel Macron s'en prend à la règle sur le maintien du déficit public des pays de la zone euro sous la barre des 3% du PIB.
"Nous avons besoin de plus d'expansionnisme, de plus d'investissement (...) Je pense que c'est pour ça que le débat autour du 3% dans les budgets nationaux, et du 1% du budget européen, est un débat d'un autre siècle", estime-t-il.