"La proposition que feront le gouvernement belge et les quatre
pays en question dans les semaines à venir, c'est d'enlever du sol
européen les armes nucléaires d'autres Etats membres de l'Otan", a
déclaré le porte-parole du Premier ministre Yves Leterme, Dominique
Dehaene.
Seuls les Etats-Unis ont ce type d'armes, les forces de frappe
française et britannique n'étant pas déployées, elles, "dans
d'autres Etats membres". La proposition vise donc bien les plus de
200 bombes atomiques largables d'avion que les Etats-Unis stockent
encore dans quatre pays de l'Otan, l'Allemagne, la Belgique,
l'Italie et la Turquie, a-t-on confirmé de source proche du
gouvernement belge.
Lancer le débat
"Il s'agit de lancer le débat au sein de l'Otan", a déclaré
Dominique Dehaene. Il explicitait un communiqué que venait de
publier Yves Leterme, assurant que "la Belgique est en faveur d'un
monde sans armes nucléaires et défend cette position au sein de
l'Otan, en préparation de la conférence de révision du Traité sur
la non-prolifération en mai à New York".
"La Belgique, a-t-il ajouté dans ce communiqué, prendra une
initiative en ce sens avec l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg
et la Norvège dans le cadre de la révision du concept stratégique
de l'Otan cette année".
"Le gouvernement belge, a déclaré Yves Leterme, veut saisir la
chance offerte par l'appel lancé par le président américain Barack
Obama à un monde sans armes nucléaires". Cependant, a-t-il
souligné, "des avancées concrètes ne seront possibles que moyennant
une concertation sérieuse avec les partenaires de l'Otan et tenant
compte des avancées dans les négociations en cours dans le domaine
du désarmement".
Yves Leterme s'est référé à l'appel dans le même sens lancé le
matin même par voie de presse par deux anciens Premiers ministres
belges et deux anciens ministres des Affaires étrangères. "Les
armes nucléaires tactiques américaines en Europe ont perdu toute
importance militaire", ont écrit ces quatre responsables pour
justifier leur demande de retrait.
afp/cht
Des bombes largables réparties entre les 4 pays
Il reste, selon des experts, une vingtaine de bombes largables par avion à la base belge de Kleine Brogel (Flandre, nord), et il y en aurait un nombre équivalent en Allemagne, à Büchel (Rhénanie-Palatinat, sud-ouest).
L'Italie et la Turquie en abriteraient chacune environ 90.
Il a été convenu fin 2009 que toute décision de retrait des ogives américaines, qu'a déjà demandé l'Allemagne pour ce qui la concerne, soit prise dans le cadre multilatéral de l'Otan et non unilatéralement.
Les alliés en débattront au sein notamment du Groupe des plans nucléaires de l'Otan, dont seule la France est absente.
La mise à la retraite des bombes américaines ne signifierait cependant ni la fin de la garantie nucléaire américaine, ni la dénucléarisation totale de l'Otan, ont souligné des diplomates alliés.
Quant au nouveau "concept stratégique" que l'Alliance atlantique doit adopter à son sommet à Lisbonne en novembre prochain, il fera référence à la dissuasion nucléaire comme ayant, jusqu'à nouvel ordre mondial, encore toute sa place aux côtés des armements conventionnels.