Après plusieurs semaines à huis clos, les premières auditions télévisées de la procédure de destitution qui vise le président américain Donald Trump ont débuté mercredi devant le Congrès. Elles visent à déterminer s'il a abusé de ses pouvoirs en demandant à l'Ukraine d'enquêter sur Joe Biden, candidat démocrate bien placé pour être son concurrent lors de la présidentielle de 2020.
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"La logique veut que Trump reste ce qu'il est et sorte renforcé de cette procédure, mais on a appris à s'en méfier depuis trois ans", analyse Boris Vejdovsky, maître d'enseignement de culture et littérature américaine à l'Université de Lausanne. Invité dans La Matinale de la RTS, il n'exclut pas que l'opinion publique bascule en défaveur de l'actuel président. Certains indices le laissent penser, comme la
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Menaces sur les soutiens de Trump
Avant Trump, pourtant, seuls trois présidents ont été visés par une telle procédure, et aucun n'a été destitué. "C'est un coup de poker de la part des démocrates, qui n'ont pas grand-chose pour les faire exister jusqu'aux présidentielles de l'an prochain", poursuit le spécialiste des Etats-Unis. La procédure pourrait, par exemple, remettre sur le devant de la scène d'éventuels délits fiscaux de Donald Trump, ou pousser certains de ses soutiens à le lâcher s'ils sont convoqués par la justice et contraints de déposer sous serment.
Pour l'heure, sa défense ne bouge pas, mais il n'est pas impossible que, si un premier domino tombe, il y ait un certain nombre de lâchages
"Pour l'heure, sa défense ne bouge pas, mais il n'est pas impossible que, si un premier domino tombe, il y ait un certain nombre de lâchages. Il y a un équilibre qui semble stable en faveur de Trump, mais en le déstabilisant, une pièce après l'autre, on pourrait faire tomber tout l'édifice", analyse Boris Vejdovsky.
Dans l'opinion publique, entre pro- et anti-Trump, les camps semblent a priori totalement figés. "C'est vrai, il y a 45% de chaque côté qui ne bougeront de toute façon pas. C'est les 10% du milieu qu'il faut essayer de faire basculer", précise le spécialiste, notamment dans certains Etats clé.
De l'"infotainement" qui passionne
Les auditions publiques retransmises en direct par les chaînes d'information américaines jouent un rôle crucial dans cette bataille. "Elles sont très appréciées par le public. Ça fait partie de 'l'infotainement', information et divertissement en même temps, qui tourne presque 24h/24 sur les chaînes, avec des 'breaking news' toutes les heures", constate Boris Vejdovsky.
Une chorégraphie a été mise en place des deux côtés. Le vainqueur sera celui qui arrivera à produire le récit qui s'agrippera dans l'esprit des gens
"Il y a une chorégraphie qui a été mise en place des deux côtés: les démocrates s'attachent à expliquer chaque détail de façon pédagogique, tandis que les républicains défendent en bloc et parlent de mascarade. Le vainqueur sera celui qui arrivera à produire le récit qui s'agrippera dans l'esprit des gens, et qui permettra, petit à petit, de modifier l'énergie qu'il y a dans cette procédure".
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Vincent Cherpillod