A Concepcion, une des villes les plus touchées, l'armée qui se
montrait ostensiblement dans les rues a fait respecter le premier
couvre-feu décrété au Chili depuis la dictature militaire
(1973-1990) pour éviter les pillages de supermarchés par une
population désespérée qui a passé sa deuxième nuit dehors. Au moins
160 personnes ont été interpellées et une personne a été tuée par
balles, dans des circonstances non précisées.
Pillages à Concepcion
Des dizaines de personnes avaient pris d'assaut dimanche des
supermarchés pour s'emparer de nourriture, parfois aussi
d'appareils électroménagers. "C'est pour mes enfants, c'est la
seule façon de leur donner à manger", criait un homme, en
s'attaquant au rideau de fer d'un supermarché. La police avait dû
disperser la foule au gaz lacrymogène et au canon à eau.
Des dizaines de
sauveteurs, équipés de chiens et de détecteurs thermiques, ont
travaillé de nuit pour tenter de dégager une cinquantaine de
personnes qu'ils pensent prisonnières d'un immeuble effondré de 14
étages. Le maire de la ville, Jacqueline van Rysselberghe, avait
mis en garde contre un grave risque de "tension sociale" face à la
pénurie de nourriture. Dimanche, la présidente avait annoncé la
distribution d'aide alimentaire avec l'appui de l'armée, mais cette
distribution n'a pas débuté sur le terrain
Aide internationale demandée
Après avoir demandé à la communauté internationale d'attendre,
les autorités chiliennes se sont rendues à l'évidence et ont
officiellement demandé "l'assistance internationale", a indiqué à
Genève la porte-parole du Bureau de coordination des affaires
humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.
Le gouvernement chilien de la présidente Michelle Bachelet, en
plein fin de mandat puisqu'elle doit céder dans dix jours le
pouvoir à son successeur Sebastian Pinera, a "fourni une liste qui
contient des priorités", a ajouté Mme Byrs sans plus de
précisions.
Le bilan s'est alourdi à 711 morts dans la nuit, selon le Bureau
national des urgences (Onemi) dépendant du ministère de
l'Intérieur. En tout, près de deux millions de personnes, un
Chilien sur huit, ont été affectées par le séisme, un des plus
violents des cent dernières années avec une magnitude de 8,8.
Tsunami pas anticipé
Avec des maisons broyées, des
bateaux projetés à l'intérieur des terres, des immeubles écroulés,
le littoral sud du pays est le plus touché, offrant un spectacle de
mort et de dévastation.
Deux jours après le tremblement de terre, moins meurtrier mais
bien plus puissant que celui qui a dévasté Haïti le 12 janvier, les
sauveteurs tentaient de dégager des victimes de la secousse et du
tsunami qui a pris par surprise la population, non avertie par les
autorités.
Le ministre de la Défense Fransisco Vidal a reconnu que le risque
de tsunami post-séisme avait été mal évalué. Il a évoqué "une
erreur de diagnostic en n'annonçant pas le raz-de-marée".
Etat d'exception décrété
Deux régions ont été décrétées en "état d'exception", le Bio
Bio, et le Maule où ont été recensés la majorité des morts, 541. La
zone littorale de cette région, à 300-400 km au sud de Santiago, a
été submergée par une vague de 2 à 6 mètres par endroits. Des
villes comme Talcahuano, Penco, Dichato ont été rayées de la
carte.
"Dichato a pratiquement disparu. Les bateaux sont perchés sur le
toit des maisons", a déclaré à l'AFP une femme. A Penco, "la vague
a tout recouvert. Elle devait faire six mètres de haut. Elle a
emporté les maisons, un garage et les restaurants", a raconté
Carlos Palma, réfugié sur une colline.
A Santiago en revanche, le travail devait reprendre lundi et
l'aéroport international a rouvert. Le coût des dégâts du séisme
pourrait atteindre 15 à 30 milliards de dollars, selon la société
américaine EQECAT, spécialisée dans la modélisation du
risque.
afp/lan
Le Chili appelle la Suisse à l'aide
La Suisse a reçu lundi matin une demande d'aide des autorités chiliennes, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères à l'ATS.
Ces dernières demandent la livraison de biens de premier secours, l'envoi d'experts en génie civil mais aussi d'équipes de sauvetage.
Sur ce dernier point, il est trop tard pour que la Suisse intervienne, a estimé un porte-parole du DFAE, Andreas Stauffer. Avec la distance et les problèmes de transports, les équipes de sauvetage suisses arriveraient trop tard, explique-t-il, rappelant que l'aéroport de Santiago avait été fermé jusqu'à lundi.
Par contre, un détachement de reconnaissance helvétique est arrivé sur place et doit examiner en cours de journée quelle aide peut être organisée localement et ce qui doit être amené de Suisse. Les biens de premiers secours comprennent par exemple des tentes et de la nourriture. Les experts souhaités par le Chili doivent pouvoir aider à la construction d'infrastructure, mais aussi au dessalage de l'eau.
Le DFAE n'avait lundi matin pas d'indications concernant d'éventuelles victimes suisses, la communication étant difficile, selon Andreas Stauffer. Environ 4400 ressortissants helvétiques vivent au Chili, dont 3800 sont des binationaux.