Durant deux heures en début d'après-midi, la situation est restée confuse Place d'Italie, sur la rive gauche de la Seine, où les forces de l'ordre ont tenté un moment en vain de disperser de petits groupes de casseurs, alternant charges brèves et déluge de lacrymogènes. "Au vu des violences et des exactions", la préfecture de police a demandé l'annulation de la manifestation qui devait s'élancer de cette place à partir de 14h00.
Voitures renversées, engin de chantier et poubelles incendiées, abribus saccagés: en une demi-heure, les assauts sporadiques de petits groupes se sont transformés en flambée de violence, ont constaté des journalistes de l'AFP, qui ont vu des manifestants blessés et des pompiers empêchés d'intervenir.
La manifestation Place d'Italie "rassemblait des individus qui ne défendaient pas une cause, mais procédaient à des destructions" et "à des attaques systématiques contre les forces de sécurité et contre les pompiers", a déclaré le préfet de police lors d'une conférence de presse.
Régions plus calmes
Ailleurs en France, plus de 270 actions étaient annoncées tout le week-end, aux quatre coins du pays. Les premières manifestations ont démarré dans la matinée et se sont déroulées globalement sans incidents. Dans le sud-est, les gilets jaunes ont réinvesti certains ronds-points, distribuant tracts aux automobilistes, sans dégradation ni importante perturbation. Ils étaient une centaine à Albi (Tarn), quelques poignées à Auch, dans le Gers.
Des ronds-points ont aussi été réinvestis en Normandie, à Caen et Rouen, et en Bretagne, notamment à Vannes. Ils étaient 700 à Lille pour demander plus de "justice sociale, justice fiscale, justice climatique". La situation était en revanche plus tendue à Nantes, où des heurts ont éclaté dans le centre-ville entre les forces de l'ordre et près d'un millier de manifestants, selon la préfecture.
Préparation à la grève du 5 décembre
A Lyon, des tirs de lacrymogène ont été lancés dans une zone très fréquentée du centre-ville. A Bordeaux, ils étaient 600 à manifester et plusieurs centaines à Toulouse, où gaz lacrymogène et canon à eau ont été utilisés contre les manifestants.
A Grenoble, la manifestation unitaire contre la politique du président Macron qui réunissait gilets jaunes, syndicats (GCT, FSU, Solidaires, Unsa, CNT) et des associations a mobilisé plusieurs centaines de personnes dans le calme. Les organisateurs y voient une "préparation au 5 décembre", date d'une grève interprofessionnelle redoutée par l'exécutif.
Redonner un souffle au mouvement
Les gilets jaunes, qui avaient rassemblé 282'000 manifestants lors du samedi inaugural, cherchaient pour cet "acte 53" à redonner un souffle à la "révolte des ronds-points" qui avait ébranlé le mandat d'Emmanuel Macron mais ne rassemblait plus que quelques milliers de personnes ces derniers mois.
Un an après, en dépit de concessions du gouvernement - primes d'activité, heures supplémentaires défiscalisées, organisation d'un grand débat national -, les multiples revendications de cette vaste contestation demeurent: baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, retour de l'ISF, référendum d'initiative citoyenne.
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agences/ani/kkub