En 2019, 4,2 milliards d’êtres humains n’ont toujours pas accès à des toilettes dignes de ce nom. Près de 673 millions de personnes doivent faire leurs besoins à l’extérieur, faute d’installations adéquates.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le défi est de taille car les excréments humains contaminent les ressources en eau et la chaîne alimentaire à une très large échelle. Selon les estimations, 432'000 personnes meurent chaque année des suites de la diarrhée, dont 297'000 sont des enfants de moins de cinq ans.
Femmes précarisées
Outre l’impact sur la santé publique, le manque d’infrastructures est également facteur d’inégalités. Les classes les plus pauvres et le monde rural sont très nettement les moins bien lotis, et des effets indirects touchent également les femmes.
Dans certains pays, de nombreuses filles ne peuvent pas se rendre en cours lors de leurs règles si leur école n'est pas équipée de wc. Et bien souvent, les femmes doivent attendre la nuit pour aller faire leurs besoins à l'extérieur afin de ne pas être vues, ce qui les expose aux violences et aux agressions sexuelles.
Causes nationales
Face à tous ces problèmes, des Etats ont mis en place des programmes ambitieux. En Inde, le Premier ministre Narendra Modi lançait en 2014 l'opération "Inde propre" pour éradiquer la défécation en plein air en construisant 90 millions de latrines. Et en 2015, une "révolution des toilettes" était proclamée par le président chinois Xi Jinping avec un gigantesque programme de modernisation des installations.
Si l’objectif est avant tout une question de santé et d’image, la construction de toilettes peut également avoir un impact économique. Selon une étude de l’OMS, pour chaque franc investi, on obtient un retour d'environ 5 francs grâce à la baisse des coûts de la santé et à une meilleure productivité.
Antoine Silacci