En visite mardi dans une colonie israélienne du Gush Etzion, près de la ville palestinienne de Bethléem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit "très ému". "L'administration Trump a corrigé une injustice historique et s'est alignée avec la vérité et la justice", a-t-il ajouté.
A l'inverse, les Palestiniens ont vivement condamné la nouvelle position américaine et ont annoncé leur intention de présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies.
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Critiques de l'ONU
"Un changement dans la politique d'un Etat ne modifie pas le droit international existant, ni son interprétation par la Cour internationale de Justice et le Conseil de sécurité", a affirmé Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.
"Nous continuons à suivre la position historique des Nations unies selon laquelle les colonies israéliennes constituent une violation du droit international".
UE et Suisse réagissent
L'Union européenne a déclaré que "toute activité de colonisation est illégale au regard du droit international et compromet la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives d'une paix durable, comme le réaffirme la résolution 2334 du Conseil de sécurité".
"L'UE demande à Israël de mettre fin à toute activité de colonisation, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante", selon la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
La Suisse "confirme sa position" qui considère les colonies israéliennes "illégales au regard du droit international, en particulier de la quatrième Convention de Genève".
Condamnation du monde arabe
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit a estimé que la décision américaine allait "inciter les colons israéliens à exercer davantage de violence et de brutalité à l'encontre du peuple palestinien et allait entraver toute perspective de paix juste".
"Aucun pays n'est au-dessus de la loi internationale. Les déclarations sous forme de faits accomplis n'ont aucune validité eu égard au droit international", a écrit le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu sur Twitter.
"Le statut des colonies israéliennes est (...) illégal et contraire au droit international", a jugé de son côté le ministère des Affaires étrangères égyptien. Même réaction au Qatar et au Koweït notamment.
afp/nr
400'000 Israéliens en Cisjordanie
Si la colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, elle s'est accélérée ces dernières années sous l'impulsion de Benjamin Netanyahu et de son allié à Washington, le président Donald Trump. Aujourd'hui, plus de 400'000 Israéliens habitent en Cisjordanie occupée, territoire morcelé où vivent également 2,7 millions de Palestiniens.
"Pour les Palestiniens, le rêve d'un Etat se fait de plus en plus lointain"
L'annonce de l'administration Trump enterre toujours plus la solution à deux Etats, explique mardi au 19h30 Pascal de Crousaz, spécialiste du Proche-Orient et chargé de cours à l'Université de Genève. "C'est la fin d'une stratégie appliquée depuis des années par les Palestiniens: penser que le droit et la justice étaient de leur côté, et que le temps jouait en leur faveur. Forts de cette justice et de la pression de la communauté internationale, ainsi que de leur croissance démographique, ils pensaient qu'ils auraient gain de cause. Le rêve d'un Etat se fait de plus en plus lointain."
"Le problème avec l’argumentation de Mike Pompeo, c’est qu’il dit qu’il faut reconnaître les réalités sur le terrain, or elles sont établies par la force – la conquête et l’occupation", continue Pascal de Crousaz. "En admettant cela, on cautionne qu’une conquête peut aboutir à l’annexion de territoire si elle n’est pas remise en cause militairement. On a ici une remise en question d’un des grands principes de la stabilité internationale, qui a été posé pour éviter que les horreurs de la Seconde Guerre mondiale ne se répètent."
>> L'interview intégrale de Pascal de Crousaz dans le 19h30: