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Comment la France veut soigner la crise de ses hôpitaux

Les hôpitaux français connaissent une grave crise depuis plusieurs mois. [AFP - Fred Dufour]
Comment la France veut soigner la crise de ses hôpitaux publics / Le Journal horaire / 22 sec. / le 20 novembre 2019
En France, les professionnels de la santé réclament de meilleures conditions de travail. Ils l'ont notamment fait savoir dans la rue la semaine dernière. Le gouvernement répond par un "plan d'urgence", qui comprend notamment une reprise de dette de 10 milliards d'euros aux hôpitaux.

La fronde est partie des services d'urgences, saturés depuis des années, qui ont lancé une grève il y a huit mois à Paris. Le mouvement s'est ensuite étendu à tout le pays, réunissant des soignants épuisés par le manque de moyens et de reconnaissance. Des milliers de médecins, aides-soignants ou infirmiers avaient manifesté leur colère à travers la France, le 14 novembre.

LES CAUSES DE LA COLERE

Des participantes à la manifestation du 14 novembre dernier à Paris, appelant à sauver les hôpitaux publics. [Xose Bouzas - Hans Lucas]
Des participantes à la manifestation du 14 novembre dernier à Paris, appelant à sauver les hôpitaux publics. [Xose Bouzas - Hans Lucas]

Le nombre de passages aux urgences est en augmentation croissante, selon la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES). Il a doublé en vingt ans et augmente de 3,5% chaque année. En 2016, ce sont ainsi 21 millions de patients qui ont été traités aux urgences, structures publiques et privées confondues.

Mais, parallèlement à ce constat, médecins, infirmiers ou aides-soignants dénoncent la perte de capacité des hôpitaux. Le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux (privés et publics) est passé sous la barre des 400'000 en 2017. En une vingtaine d'années, quelque 100'000 lits ont été supprimés, toujours selon les données de la DREES, relayées par Franceinfo.

Les soignants, issus de divers corps de métier, pointent le "virage ambulatoire" pris par les hôpitaux, qui privilégient les places d'hospitalisation partielle, sans nuitée. A noter que, selon les derniers chiffres de la Banque mondiale, datant de 2013, la France compte 6,5 lits pour mille personnes. En Suisse, ce chiffre s'élève à 4,7 lits pour 1000 personne.

Par ailleurs, la dette des hôpitaux publics s'élève actuellement à 33 milliards d'euros, selon les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Elle a augmenté de 40% en dix ans, tandis que l'investissement hospitalier a été divisé par deux sur la même période.

LES REVENDICATIONS

Les personnels de santé réclament une hausse des salaires de l'ordre de 300 euros par mois, mais aussi une hausse des effectifs. Ils appellent par ailleurs à endiguer la suppression des lits.

Les syndicats et collectifs réclamaient une augmentation d'au moins 4% du budget des hôpitaux, alors que le budget de la Sécurité sociale pour 2020, en cours d'examen au Parlement, ne prévoit qu'un peu plus de 2%, soit 84,2 milliards pour les établissements publics et privés.

LES REPONSES DU GOUVERNEMENT

L'Etat a présenté mercredi un "plan d'urgence" en réponse aux revendications des soignants. Il compte reprendre 10 milliards d'euros de dette des hôpitaux français sur trois ans à partir de 2020, dans le cadre du plan d'urgence visant à répondre à la crise des hôpitaux, a annoncé mercredi le Premier ministre français Edouard Philippe.

Le "plan d'urgence" augmente également les enveloppes budgétaires allouées aux hôpitaux à hauteur de 1,5 milliard d'euros supplémentaires sur trois ans. Autres mesures annoncées par Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn: une prime de 800 euros par an pour les bas salaires à Paris et dans sa région, et des primes d'engagement dans tous les hôpitaux.

Jessica Vial avec les agences

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Réactions mitigées

Les annonces du gouvernement français ont suscité des réactions mitigées parmi les professionnels de la santé. "Elles sont insuffisantes", a jugé Antoine Pelissolo, un psychiatre membre du collectif Inter-Hôpitaux. "On nous avait annoncé un effort massif, c'est la déception qui est massive", a-t-il ajouté. Le collectif Inter-Hôpitaux appelle à une nouvelle manifestation le 30 novembre, dix jours avant une grève illimitée des internes.

Le syndicat infirmier SNPI a jugé pour sa part que ses revendications, à savoir "rouvrir des lits, créer des emplois, revaloriser les salaires", n'avaient pas été satisfaites.

La Fédération Hospitalière de France s'est toutefois félicitée que "l'appel pour des mesures d'urgence pour l'hôpital et les hospitaliers ait été entendu".