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Jean-Claude Juncker, cinq ans pour l'Europe et quelques regrets

Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker va céder son siège dans quelques jours. Son bilan est mitigé.
Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker va céder son siège dans quelques jours. Son bilan est mitigé. / 19h30 / 2 min. / le 26 novembre 2019
Visage de l'Europe depuis cinq ans, Jean-Claude Juncker cédera son fauteuil à l'Allemande Ursula Von der Leyen le 1er décembre. A Bruxelles, l'heure est au bilan pour ce Luxembourgeois de 64 ans.

En Suisse, personne n'a oublié sa bise maladroite à Simonetta Sommaruga. Et il faut le dire, Jean-Claude Juncker restera comme un spécialiste en bisous. Déconcertant, adepte des pitreries, mais aussi politicien habile, le Luxembourgeois incarnait l'Europe des anciens, celle de François Mitterrand et d'Helmut Kohl. Avec son départ, une page se tourne pour tout un continent.

La fin de son mandat, assombrie par des polémiques sur son entourage et sur son état de santé, ne doit toutefois pas faire oublier qu'à 64 ans, le président de la Commission européenne a en bonne partie rempli la mission qu'il s'était fixée à son arrivée, il y a cinq ans.

Rassembleur

L'Europe sortait alors de la pire crise économique de son histoire, elle traversait une crise d'identité. "Cette commission sera la commission de la dernière chance, soit nous réussissons à rapprocher les citoyens de l'Europe, soit nous échouons", déclarait alors Jean-Claude Juncker.

En 2019, la participation en hausse aux élections européennes laisse penser à une mobilisation des citoyens européens contre la montée des partis europhobes. Près de deux tiers d'entre eux (59%) jugeaient d'ailleurs l'appartenance à l'UE comme une bonne chose, contre 54% en 2014.

Le Luxembourgeois a donc réussi à fédérer - en partie - l'Europe. Il s'est notamment beaucoup investi pour maintenir la Grèce dans l'UE et il a su s'adapter, en plein scandale des Luxleaks, en durcissant le ton contre la fraude fiscale.

Deux échecs majeurs

Sous son mandat, enfin, Bruxelles a moins légiféré, une façon aussi de caresser dans le sens du poil des Etats souverains plus récalcitrants. Mais ces efforts n'ont pas suffi à éviter deux échecs lourds de conséquences.

Le Brexit, d'abord, véritable camouflet du peuple britannique à l'Union européenne: pour la première fois, un Etat veut claquer la porte et personne ne sait trop comment faire. La crise migratoire, ensuite, qui a vu les pays membres se figer, laissant mourir au moins 18'000 personnes dans la Méditerranée.

Et comment qualifier l'absence d'accord cadre avec la Suisse? On pourrait parler d'échec, Jean-Claude Juncker -lui- parle de regret.

Nous n'avons pas été à même de conclure un traité avec la Suisse en dépit de nos efforts qui furent nombreux et intenses

Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne

Considéré comme un ami de la Suisse, qu'il connaissait bien, l'ancien ministre des Finances du Luxembourg a déçu côté helvétique, par exemple en mettant fin à l'équivalence boursière. Certains parlent même de trahison.

L'arrivée d'une nouvelle commission aidera peut-être Berne à oublier son ressentiment et à débloquer enfin le dossier bilatéral avec son partenaire européen.

>> L'analyse de Pierre Nebel, correspondant parlementaire à Berne :

Pierre Nebel: "Jean-Claude Juncker a cru que le Conseil fédéral voulait signer un accord cadre. Il se trompait."
Pierre Nebel: "Jean-Claude Juncker a cru que le Conseil fédéral voulait signer un accord cadre. Il se trompait." / 19h30 / 1 min. / le 26 novembre 2019

Isabelle Ory/jga

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