Les convois, partis à 6h00 de noeuds autoroutiers autour de la capitale à l'appel des syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs, se sont rapprochés de Paris en milieu de matinée, occasionnant des ralentissements.
Au total, plus de 1000 tracteurs se sont dirigés vers le périphérique avant de se rassembler sur l'avenue Foch, quartier cossu dans l'ouest de la capitale. Les forces de l'ordre avaient installé des barrières près de l'Arc de Triomphe, pour empêcher les tracteurs d'aller plus loin dans Paris.
Du foin devant le Fouquet's
Mais environ 200 agriculteurs bloquaient tout de même les Champs-Elysées en milieu de matinée, de l'autre côté de la place de l'Etoile, en déversant du foin devant le célèbre restaurant Le Fouquet's.
Avec cette mobilisation, qui devait s'étendre dans toute la France au fil de la journée, les agriculteurs entendent exprimer leur désarroi face aux difficultés économiques qui s'accumulent et à la défiance d'une partie des citoyens.
"On devient les parias de la société"
Témoignant dans le 12h30, Christophe Lerebourg dénonce ainsi la mauvaise image de la profession au sein de la population. "On a l'impression que les gens nous regardent avec beaucoup de suspicion, voire pour certains avec de la haine, parce qu'ils n'arrivent plus du tout à comprendre notre métier", déplore cet agriculteur de l'Essonne. "On devient les parias d'une société qui n'arrive plus à comprendre son agriculture. On est mal aimés."
A l'aube des négociations annuelles
"Notre principale revendication porte sur la compétitivité des exploitations agricoles et donc sur la construction du prix de nos produits, alors que débutent les discussions commerciales avec les centrales d'achat de la grande distribution", a expliqué à l'AFP Guillaume Tailland, directeur de la FDSEA de la Loire, présent sur le blocage de Givors, près de Lyon.
La Loi dite Egalim, issue d'Etats généraux de l'alimentation et mise en place en début d'année, était censée ramener du revenu aux agriculteurs en rééquilibrant les relations commerciales. Mais jusqu'ici, ces derniers disent ne pas vraiment voir de différence.
Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs, alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.
afp/oang
Soutien du ministre de l'Agriculture
"Je soutiens la colère des agriculteurs et cette manifestation, il y en a assez de ce dénigrement", a assuré le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, mercredi matin sur Europe 1.
"Cette loi [Egalim] n'a pas assez porté ses fruits parce que la meilleure répartition de la valeur n'a pas eu lieu", a reconnu le ministre.
"Nous sommes à mi-parcours de cette expérimentation. La loi prend réellement effet maintenant. L'année dernière c'était l'année zéro, les négociations commerciales avaient eu lieu sans que la loi porte ses fruits. Mais aujourd'hui, c'est le début de nouvelles discussions, et là, il faut que ça paye", a-t-il ajouté.