"Est-ce que je suis autiste? Je ne sais pas, et qu'est-ce que ça changerait?"

"Cédric Villani, êtes-vous personnellement concerné par l'autisme?" C'est la question intime qui a été posée au candidat à la mairie de Paris par un journaliste de l'émission d'info-divertissement française Quotidien mercredi soir. Fondée sur l'allure et le ton originaux du mathématicien, ainsi que sur son engagement aux côtés d'associations en lien avec ce trouble du développement, cette interrogation fait écho aux allégations qui le disent atteint du syndrome d'Asperger.

Le mathématicien, lauréat de la prestigieuse médaille Fields – parfois considérée comme le Nobel de la discipline – a choisi de jouer la carte de la sincérité pour faire face à ce qui pourrait passer pour un coup bas dans la campagne: "Je ne sais pas, je ne me suis jamais fait diagnostiquer, je n'en ai jamais éprouvé le besoin. Et qu'est-ce que ça changerait?"

Agacé par un "bruit qui commence à se répandre"

"Toujours, dans tous mes combats, j'y suis allé avec mon coeur, avec ma sincérité, sans chercher à me gommer, tel que je suis. Nous sommes tous différents, nous avons tous nos particularités, parfois plus visibles que d'autres", a-t-il plaidé, confiant son agacement face au "bruit qui commence à se répandre" qu'il a quelque chose à cacher.

Le principal intéressé a néanmoins précisé ne pas avoir été choqué par cette question, jugée "indécente" et vivement critiquée par certains hommes politiques sur les réseaux sociaux jeudi. "Elle est, en fait, bien moins brutale que les rumeurs qui ont circulé sur moi ces dernières semaines", a déclaré le candidat dissident du parti du président Emmanuel Macron La République en marche (LREM) dans un communiqué de presse, sans nommer ses détracteurs.

>> Ecouter le portrait et l'interview de Cédric Villani dans l'émission Forum en mars dernier :

AFP - Ludovic Marin

Débattre du fond, pas de la personne

"Je préférerai toujours les questions franches aux insinuations et rumeurs malveillantes. Une question directe sur l'autisme ne devrait pas être vue comme stigmatisante, car l'autisme ne devrait pas être stigmatisé", ajoute le candidat dissident, en souhaitant que le sujet soit "abordé de façon apaisée".

Une question directe sur l'autisme ne devrait pas être vue comme stigmatisante, car l'autisme ne devrait pas être stigmatisé

"Les personnes neuroatypiques, autistes, Asperger, ou toute autre 'différence' ont toute leur place dans la démocratie! Respectons le choix de chacun d'en parler ou non, sans assigner quiconque à cela. Débattons du fond avec Cédric Villani, pas de sa personne", a réagi de son côté la secrétaire d'État chargée de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa, qui soutient, elle, le candidat officiel du parti LREM à la mairie de Paris Benjamin Griveaux. Plus tôt, ce dernier avait lui-même souligné "l'excellente réponse de Cédric Villani" dans un tweet.

afp/vic/ahab