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Face à la contestation, le Premier ministre irakien présente sa démission

Face à la contestation, le Premier ministre irakien présente sa démission
Face à la contestation, le Premier ministre irakien présente sa démission / Forum / 2 min. / le 29 novembre 2019
Le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi a annoncé vendredi qu'il allait présenter sa démission au Parlement. Quelques heures après que la plus haute autorité chiite du pays a appelé ce dernier à lui retirer sa confiance.

Aussitôt, sur la place Tahrir de Bagdad, épicentre de la contestation qui réclame depuis deux mois la refonte du système et le renouvellement d'une classe politique jugée corrompue et incompétente, la foule a explosé de joie, a constaté un correspondant de l'AFP.

"C'est notre première victoire et on en aura encore plus face aux autres" politiciens que les manifestants jugent corrompus, incompétents et affiliés aux puissances influentes en Irak, en tête desquelles l'Iran, a lancé l'un d'eux à l'AFP au milieu des chants nationalistes diffusés à tue-tête par les conducteurs de touk-touk, ces petits véhicules à trois roues devenues les ambulances de fortune de la révolte.

Deux mois de contestation

Adel Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ni populaire, a cédé vendredi, après deux mois d'une contestation contre le pouvoir et son parrain iranien marquée par près de 420 morts à Bagdad et dans le Sud chiite.

Peu avant, le plus haut dignitaire chiite du pays avait appelé le Parlement à retirer sa confiance au gouvernement pour éviter le "chaos" et plus de morts, rejoignant les manifestants qui réclament depuis le 1er octobre "la chute du régime".

Ce soutien de poids et l'agitation politique qu'il a aussitôt suscité n'ont toutefois pas pu arrêter la spirale des violences (voir encadré) qui se poursuit dans le sud agricole et tribal, où le chaos menace depuis que des combattants tribaux se sont montrés armés pour protéger les manifestants à Nassiriya et alors que des hommes en civil ont ouvert le feu sur la foule à Najaf.

Réunion du Parlement

Le Parlement doit se réunir dimanche alors que, jamais, depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, un Premier ministre n'a quitté son poste avant la fin de son mandat.

La désobéissance civile continue de bloquer écoles et administrations alors que les manifestants tentent de toucher le talon d'Achille du pouvoir, l'or noir. Jusqu'ici toutefois, ils n'ont atteint ni la production ni la distribution de pétrole, unique ressource en devises du pays et qui représente 90% des recettes d'un gouvernement surendetté.

>> Réécouter le sujet de Tout un monde sur les manifestations en Irak :

Des manifestants dans les rues de Baghdad le 05 octobre 2019. [Keystone - AP Photo/Hadi Mizban]Keystone - AP Photo/Hadi Mizban
Calme précaire en Irak après les violentes manifestations anti-gouvernementales / Tout un monde / 3 min. / le 8 octobre 2019

Pétrole et pauvreté

En Irak, l'un des pays les plus riches en pétrole du monde, un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et les infrastructures sont déliquescentes et jamais rénovées alors qu'en 16 ans, l'équivalent de deux fois le PIB s'est évaporé dans les poches de politiciens et d'entrepreneurs véreux.

ats/jfe

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Quinze nouveaux morts

Vendredi, la police a encore tué 15 manifestants à Nassiriya, à feu et à sang depuis jeudi, et un seizième a été abattu par des tirs d'hommes en civils devant le siège d'un parti à Najaf, ont rapporté des témoins et des médecins.

Le sud de l'Irak s'était embrasé jeudi avec une répression menée par des commandants militaires dépêchés par Bagdad peu après l'incendie au cri de "Iran dehors" du consulat iranien dans la ville sainte chiite de Najaf. Le haut-gradé envoyé à Nassiriya a toutefois été limogé jeudi après la mort de 28 manifestants en quelques heures sous les tirs nourris des forces de l'ordre.