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La déforestation a retrouvé son pic de 2008 en Amazonie brésilienne

La forêt amazonienne n'avait jamais autant diminué depuis 2008. [EPA/Keystone - Joedson Alves]
La déforestation a retrouvé son pic de 2008 en Amazonie brésilienne / La Matinale / 14 sec. / le 29 novembre 2019
Entre août 2018 et juillet 2019, la déforestation en Amazonie brésilienne a dépassé le seuil des 10'000 km2 pour la première fois depuis 2008. En 12 mois, la hausse est de 43% selon les chiffres officiels actualisés publiés jeudi.

La surface déboisée est la plus vaste depuis 2008, lorsque 12'287 km2 de forêt amazonienne avaient été perdus en 12 mois, selon les dernières données de l'institut national brésilien d'études spatiales (INPE).

Au total, la plus grande forêt tropicale du monde a perdu 10'100 km2 en un an, contre 7033 km2 entre août 2017 et juillet 2018. Ces chiffres révisent un précédent bilan publié le 18 novembre, qui faisait état de la déforestation de 9762 km2 sur l'année écoulée en juillet dernier.

Terres indigènes de plus en plus visées

Ces données révèlent une progression encore plus importante, de 74,5%, de la déforestation dans les territoires indigènes en un an, atteignant 423,3 km2, contre 242,5 km2 lors des 12 mois précédents. C'est la surface la plus élevée depuis le début de ces compilations en 2008.

Janvier 2020 a marqué l'arrivée au pouvoir au Brésil du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, partisan du développement en Amazonie des activités minières et agricoles, au grand dam des défenseurs de l'environnement.

La déforestation serait "culturelle" en Amazonie

Le chef de l'Etat a affirmé la semaine dernière que la déforestation, comme les incendies qui l'accompagnent, étaient liés à des pratiques traditionnelles à certaines périodes de l'année. "Vous n'allez pas en finir avec la déforestation ni les incendies, c'est culturel", a-t-il dit alors que les foyers ayant ravagé des régions entières d'Amazonie en août et septembre ont choqué la communauté internationale.

Mais "plus on déboise - pour faire de la place pour l'élevage bovin et les cultures agricoles - et plus il y a de foyers" d'incendies a pourtant constaté l'institut de recherche sur l'environnement en Amazonie (IPAM).

"Jair Bolsonaro a développé une théorie du complot"

"L'Amazonie est la première victime de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine", explique dans Forum Antoine Acker, historien environnemental, maître assistant à l'Université de Zurich. "La balance commerciale positive du Brésil est due aux exportations massives de soja vers la Chine."

La politique du président Jair Bolsonaro joue également un rôle important dans la déforestation, et même extrêmement "préoccupant", selon Antoine Acker (voir encadrés aussi). "Il faut savoir qu'entre 80 et 90% du déboisement n'est pas autorisé par la loi [...] Depuis son arrivée au pouvoir, son gouvernement criminalise les ONG et les militants environnementaux. Il a développé cette théorie du complot, où il dit que ce sont eux les responsables des feux de forêt. Ce qui est très grave, c'est que ses théories conspirationnistes commencent à servir de base pour des enquêtes judiciaires."

>> L'interview d'Antoine Acker dans Forum :

Déforestation record en Amazonie avec dix milles km2 déboisés en un an: interview d’Antoine Acker
Déforestation record en Amazonie avec dix milles km2 déboisés en un an: interview d’Antoine Acker / Forum / 4 min. / le 29 novembre 2019

afp/oang

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Libération de pompiers volontaires accusés d'être pyromanes

Quatre pompiers volontaires accusés d'avoir provoqué des incendies dans l'Etat amazonien du Para en septembre ont été libérés par le juge qui avait créé une vive polémique en ordonnant leur détention mardi.

La détention des hommes du feu avait été dénoncée comme "abusive" par diverses ONG et, devant l'ampleur de la controverse, le gouverneur de l'Etat du Para avait dessaisi le commissaire en charge de l'enquête.

La police avait invoqué des "indices" selon lesquels ces pompiers auraient provoqué les incendies, pour en revendre les images au Fonds mondial pour la nature (WWF), qui les aurait ensuite utilisées afin de récolter des fonds à l'étranger.

Le ministre de l'Environnement Ricardo Salles et le président Jair Bolsonaro, avaient relayé sur les réseaux sociaux les accusations de la police.

"Le manque de clarté dans l'enquête, le manque de fondement des allégations (...) sont extrêmement préoccupants du point de vue de la démocratie et ont permis des mesures clairement abusives", a indiqué WWF-Brasil dans un communiqué.

Faire taire les responsables des chiffres

En août dernier, le président Jair Bolsonaro avait destitué le directeur de l'institut national brésilien des études spatiales (INPE).

Il avait accusé le physicien et ingénieur Ricardo Galvao de mentir et de nuire à l'image du Brésil à la suite de la publication de données indiquant une forte augmentation de la déforestation en Amazonie au cours des mois précédents.

Ricardo Galvao avait défendu l'exactitude des données publiées par l'INPE et refusé de démissionner, ce qui avait conduit à sa destitution.

"Les autorités sont toujours indisposées lorsque les données disent des choses qu'elles n'ont pas envie d'entendre", avait-t-il déclaré publiquement quelques jours plus tard.