Jusqu'ici, seules les ONG ou les médias pouvaient être qualifiées d’agents de l’étranger, pas les individus. En vertu d’une loi passée en 2012 et élargie en 2017, toute organisation qui reçoit des financements de l'étranger et qui mène, selon le pouvoir, une activité politique pouvait être déclaré agent de l'étranger. Mais désormais, cela pourra être le cas aussi pour les personnes physiques.
Les défenseurs des droits de l’homme craignent que des journalistes indépendants qui travaillent pour des médias occidentaux puissent être visés, par exemple, ou tout bloggeur ou internaute russe bénéficiant d’une bourse ou de revenus de l’étranger.
Outil pour "museler" l'opposition dénoncé
Amnesty international et d'autres ONG dénoncent un nouvel outil puissant pour museler les voix d’opposition. Les autorités russes, elles, soutiennent que la loi ne s’appliquera qu'à un petit nombre de personnes.
Mais pourquoi ce statut est-il si problématique? Parce que le terme d'agent de l’étranger est dégradant en Russie. Il était utilisé à l'époque soviétique pour qualifier les opposants accusés d'être vendus à l’Occident. En plus des tracas administratifs qu'entraîne ce statut, il est obligatoire de l’afficher au regard de la loi. La personne qui le porte est donc vue comme suspecte par la population: cela complique son travail sur le terrain en tant que journaliste ou défenseur des droits de l'homme par exemple, en particulier en dehors des grandes villes.
Isabelle Cornaz/jvia