L'exécutif, qui s'attend à "un mur" le 5 décembre tant les mécontentements sociaux se sont agrégés depuis la crise des "Gilets jaunes", affiche sa fermeté sur l'objectif d'un régime universel de retraites par points mais se ménage une marge de négociation, sur l'entrée en vigueur de la réforme particulièrement, mais aussi la pénibilité et les droits familiaux.
Régimes spéciaux
L’un des points clés de la réforme c’est la suppression des régimes spéciaux. Il y a en a presque une quarantaine négociés au fil du temps dans différents secteurs professionnels. Les cheminots, par exemple, bénéficient d’une retraite anticipée dès 52 ans. Mais la pénibilité actuelle de certains métiers ne justifie plus ces avantages, estime le gouvernement, qui imagine un système par points où un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous, si possible sans toucher à l’âge de départ tout en visant l’équilibre financier.
Avec ce nouveau système qui se veut plus juste sur le papier, il y aura des perdants et des gagnants. Et au fond chaque salarié tente de calculer sa situation théorique par rapport à son régime actuel. L’ennui est que si les grands principes ont été énoncés, le détail reste très flou. Le gouvernement a nommé un rapporteur spécial chargé d’affiner le projet. La question de l’âge pivot de la retraite est encore en discussion. Dans le principe, il s’agirait d’introduire un système de bonus et de malus pour celles et ceux qui partiraient avant ou après 62 ans.
Durée de la mobilisation et sondages
La mobilisation à partir de jeudi, sa durée et les sondages d’opinion vont peser sur les choix gouvernementaux. Politiquement c’est le grand projet d’Emmanuel Macron, il en a presque fait une condition de la réussite de son quinquennat.
Syndicats et gouvernement campent pour l’instant sur une ligne dure. La marge de manoeuvre existante concerne peut-être le calendrier. Car tout le monde ne passera pas à ce régime universel au même moment. La transition sera étalée jusqu'en 2040, profession par profession, en tenant compte des spécificités des métiers. C'est peut-être ce que va tenter faire valoir le gouvernement pour briser la fronde.
Alexandre Habey/reuters/pym