Pékin a exprimé mercredi sa "vive indignation" après le vote de la Chambre des représentants, l'appelant à "corriger son erreur" et ne pas "s'immiscer dans les affaires intérieures chinoises".
"Pensez-vous que nous allons rester indifférents si les agissements américains nuisent aux intérêts de la Chine? J'estime que pour toute faute en parole ou en action, un prix doit être payé. (Leurs auteurs) devront en payer le prix", a indiqué Hua Chunying, une porte-parole de la diplomatie chinoise.
Le projet de loi américain "calomnie de façon arbitraire les efforts de la Chine en matière de déradicalisation et de lutte antiterroriste", a indiqué Hua Chunying.
"L'Amérique observe et ne restera pas silencieuse"
Le projet de loi adopté par la Chambre américaine des représentants doit encore être validé par le Sénat, où il devrait aussi rencontrer un grand soutien, avant d'être envoyé au président Donald Trump pour qu'il accepte ou non de le promulguer.
"Aujourd'hui, la dignité et les droits de l'homme des Ouïghours sont menacés par les actes barbares de Pékin, qui sont une insulte à la conscience collective mondiale", a déclaré dans l'hémicycle la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, avant le vote. "Nous envoyons un message à Pékin: l'Amérique observe et ne restera pas silencieuse", a-t-elle ajouté.
Sanctions prônées
Le texte approuvé mardi à la Chambre appelle le président américain à imposer des sanctions à de hauts responsables du Xinjiang, région du nord-ouest de la Chine placée sous haute sécurité après avoir été longtemps frappée par des attentats sanglants.
Les Ouïghours constituent l'une des 56 ethnies recensées en Chine. Principalement musulmans, parlant pour la plupart une langue turcique, ils constituent un peu moins de la moitié des 25 millions de personnes vivant au Xinjiang.
Les Etats-Unis avaient déjà placé en octobre 28 organisations gouvernementales et commerciales chinoises sur liste noire, dont des sociétés de vidéosurveillance, leur reprochant d'être impliquées dans la campagne de répression policière dans la région.
ats/cab
Camps de rééducation ou "centres de formation professionnelle"?
Des organisations de défense des droits de l'homme, des experts et Washington accusent Pékin d'avoir interné dans ce territoire jusqu'à un million de musulmans, notamment ouïghours, dans des camps de rééducation politique.
Pékin dément ce chiffre et parle de "centres de formation professionnelle", destinés à aider la population locale à trouver un emploi et ainsi à l'éloigner de la tentation de l'islamisme et du terrorisme.
Des attentats attribués à des militants ouïghours ont endeuillé la Chine pendant de nombreuses années. Le gouvernement, qui accuse des "séparatistes" et des "djihadistes", a répondu en imposant une sécurité draconienne au Xinjiang -- grand comme trois fois l'Espagne et frontalier notamment avec le Pakistan et l'Afghanistan.