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Au 7e jour de grève en France, l'heure de vérité sur la réforme des retraites

Le plan de réforme des retraites est rejeté par les grévistes en France.
Le plan de réforme des retraites est rejeté par les grévistes en France. / 19h30 / 2 min. / le 11 décembre 2019
Le Premier ministre français Edouard Philippe a dévoilé mercredi le contenu de la controversée réforme des retraites. Le gouvernement maintient le projet, mais fait toutefois des concessions, au septième jour de la grève générale.

Le projet vise à fondre les 42 régimes de retraite actuels en France en un seul système universel à points. Concrètement, cela signifie que le montant de la pension de retraite serait calculé en fonction du nombre de points accumulés au cours de la carrière, et non plus selon le nombre de trimestres de cotisation. La suppression des régimes spéciaux dont bénéficiaient certaines catégories de travailleurs est au coeur de la réforme et des appels à la grève, qui dure depuis une semaine déjà.

Les partenaires sociaux fixeront la valeur du point "sous le contrôle du Parlement", a assuré Edouard Philippe. "La loi prévoira une règle d'or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser" avec "une indexation non pas sur les prix mais sur les salaires qui dans notre pays augmentent plus vite."

Les Français incités "à travailler plus longtemps"

L'âge légal du départ à la retraite en France est maintenu à 62 ans. "C'est un principe de liberté auquel nous tenons à rester fidèle", justifie le Premier ministre, qui a commencé à s'exprimer à la mi-journée devant le Conseil économique, social et environnemental.

Toutefois, "nous allons devoir inciter les Français à travailleur plus longtemps", a-t-il précisé. "Au-dessus de l’âge légal, nous mettons en place un âge d’équilibre avec un système de bonus-malus : 64 ans en 2025 pour atteindre l’équilibre. Ce sera d’ailleurs l’âge moyen auquel les salariés partiront à la retraite dans cinq ans."

"Les plus riches paieront une cotisation de solidarité plus élevée qu'aujourd'hui", a-t-il encore annoncé.

Application à la génération 1975

Concession aux syndicats, Edouard Philippe a annoncé que la réforme ne s'appliquera pas aux Français nés avant 1975, alors qu'une application effective à la génération 1963 était initialement prévue. "La transition sera progressive" vers le système universel, a-t-il promis. "La seule solution est de travailler un peu plus longtemps." Le nouveau système serait instauré le 1er janvier 2022.

Il a aussi tenté de répondre aux inquiétudes des enseignants. "Nous inscrirons dans la loi la garantie selon laquelle le niveau des retraites des enseignants sera sanctuarisé et comparable au niveau des retraites des fonctions ou des métiers équivalents dans la fonction publique", a-t-il annoncé.

Le projet de loi sur la réforme des retraites sera soumis au Conseil des ministres le 22 janvier avant d'être discuté par les députés fin février.

>> Les précisions d'Anne Fournier depuis Paris :

Réforme des retraites en France: "La tâche s'annonce difficile, les changements sont plus ou moins radicaux"
Réforme des retraites en France: "La tâche s'annonce difficile, les changements sont plus ou moins radicaux" / 12h45 / 1 min. / le 11 décembre 2019

agences/ani

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Les syndicats appellent à renforcer la grève

Jugées "pas à la hauteur", les annonces du gouvernement ont provoqué un nouvel appel à la grève de la part de la Confédération générale du travail (CGT). Les syndicats de la SNCF, en première ligne dans le débrayage contre la réforme des retraites, ont encouragé mercredi tous les salariés à renforcer la mobilisation.

La France vit depuis une semaine déjà au rythme de la mobilisation, qui s'est toutefois affaiblie entre la première manifestation du jeudi 5 décembre et la deuxième de mardi. Les conditions de déplacements restent très difficiles mercredi. Un peu plus d'un cheminot sur six (15,5%) était en grève ce matin à la SNCF, avec près des trois quarts des conducteurs (73,5%) et la moitié des contrôleurs (49,9%) grévistes, a annoncé la direction.

Réactions des partis

Pour le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, "Macron vient d'instaurer la retraite à 64 ans. Ceux qui ont 15 ans sont condamnés au système par point. Les autres sont jetés dans un labyrinthe illisible et piégeux. Les retraites des grands patrons et les privilèges des assurances privées sont maintenus. Injuste et inéquitable", a-t-il déploré sur Twitter.

Sur le même réseau social, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a parlé d'une réforme "terrible" et "qui risque de provoquer un blocage du pays."

"Allongement de la durée de cotisation, rien ou presque sur la pénibilité, toujours le flou sur les transitions...partenaires sociaux piétinés... c'est NON.", a réagi Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.