Mobilisés depuis neuf mois contre le pouvoir, les Algériens sont appelés à voter jeudi pour une présidentielle dont ils ne veulent pas. Le scrutin est perçu comme un moyen pour le régime de se régénérer.
Selon l'agence de presse officielle APS, les quelque 61'000 bureaux de vote du pays ont ouvert comme prévu à 08H00. Les observateurs s'attendent à une abstention très importante. A 11h00, le taux de participation au scrutin a atteint 7,92%.
Cinq candidats du sérail
Les cinq candidats (Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelmajid Tebboune) ont vécu une campagne électorale -qui a pris fin dimanche à minuit- agitée et très compliquée, dans un climat de répression accrue.
Tous sont considérés par les protestataires comme des enfants du "système" pour leur rôle durant la présidence Bouteflika -deux ont été ses Premiers ministres et un autre ministre- mais il leur est surtout reproché de servir de caution au régime en se présentant au scrutin.
La contestation ne s'essouffle pas
Mercredi encore, les manifestants sont descendus en masse dans les rues de la capitale pour protester contre l'élection présidentielle. Plus de 200 policiers anti-émeutes, armés de boucliers et de matraques, ont chargé près d'un millier de personnes encore rassemblées devant la grande poste, haut lieu de la contestation, faisant plusieurs blessés.
>> Lire : Milliers de manifestants à Alger à la veille d'une présidentielle décriée
Le mouvement populaire "Hirak" né le 22 février exige le démantèlement total du "système" politique en place depuis l'indépendance de l'Algérie (1962).
ats/ani
Des centres de vote saccagés et assiégés en Kabylie
Un centre de vote a été saccagé jeudi à Béjaïa, grande ville de la région algérienne frondeuse de Kabylie, dans le nord de l'Algérie. Deux autres sont assiégés par des opposants au scrutin présidentiel qui s'est ouvert dans la matinée, selon des témoins et des sources sécuritaires. Les opérations de vote ont dû être annulées dans l'un d'entre eux.
Dans le centre d'Alger, la police est très rapidement intervenue jeudi matin pour empêcher des manifestants de se rassembler. Elle a procédé à une dizaine d'arrestations.