Aussitôt élu, aussitôt contesté. A peine deux heures après l'élection de l'ex-Premier ministre à la tête du pays, les manifestants chantaient déjà "Tebboune ne nous gouvernera pas". L'ancien Premier ministre du président déchu Abdelaziz Bouteflika a remporté avec quelque 58% des voix une présidentielle dont le peuple ne voulait pas, rejetant les "produits" du système instauré depuis l'indépendance en 1962.
Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, est un véritable homme du sérail, qui a construit sa carrière discrètement. Dans les années 2000, il occupe plusieurs postes sous Bouteflika, avant d’être promu Premier ministre en 2017. Mais la gloire est de courte durée, puisqu'il est limogé après seulement 2 mois et 21 jours, soit le plus bref règne d'un chef de gouvernement algérien.
Proche de l'homme fort du pays
Père de quatre enfants, Abdelmadjid Tebboune est encore aujourd’hui membre du comité central du FLN, l’ancien parti unique. Il est également réputé proche de l’autre homme fort du pays, Gaïd Salah, le chef de l’état major de l’armée. Ou l'homme qui tire réellement les ficelles du pouvoir aujourd’hui en Algérie.
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Lors de sa première conférence de presse, le nouveau président a tendu la main au Hirak "pour un dialogue afin de bâtir une Algérie nouvelle". Il s'est aussi engagé à "amender la Constitution (...) qui sera soumise à un référendum populaire", sans en préciser les modalités, et à lutter contre "les corrompus". Ces annonces n'ont pas calmé les Algériens, qui n'ont plus confiance. Avec une légitimité par défaut et face à la contestation, Abdelmadjid Tebboune aura de la peine à convaincre.
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Sujets radio: Leïla Beratto et Céline Tzaud
Adaptation web: Alexia Nichele