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"La reconstruction du site de Palmyre est une question vivement débattue"

L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Patrick Michel, archéologue et spécialiste du Proche-Orient ancien
L'invité de La Matinale (vidéo) - Patrick Michel, archéologue et spécialiste du Proche-Orient ancien / La Matinale / 9 min. / le 16 décembre 2019
Patrick Michel, archéologue et spécialiste du Proche-Orient ancien, explique lundi dans La Matinale les étapes nécessaires à la reconstruction du site syrien de Palmyre, tout en soulignant que la démarche doit être indissociable du processus de paix.

En 2015, les djihadistes du groupe Etat islamique dynamitent les temples et le théâtre romain de Palmyre et assassinent le directeur des antiquités. Aujourd'hui, ce patrimoine inestimable est sous le contrôle des troupes gouvernementales, mais les blocs de pierre tombés empêchent les archéologues de réaliser le travail de terrain nécessaire à sa reconstruction.

Les restes de l'Arc de Triomphe de Palmyre, photographiés le 31 mars 2016. [AFP - Joseph Eid]
Les restes de l'Arc de Triomphe de Palmyre, photographiés le 31 mars 2016. [AFP - Joseph Eid]

L'Université de Lausanne accueille lundi et mardi un colloque international sur Palmyre. Des projets encore non coordonnés et les moyens déployés pour reconstituer les monuments en 3D donnent de l'espoir. Mais "à l'heure actuelle, il n'est pas question de reconstruire le site, la question est vivement débattue", explique Patrick Michel, auteur de "Un patrimoine mutilé. Palmyre: hier, aujourd'hui. Et demain?" (Editions Favre). "Les conditions sécuritaires ne sont pas réunies", souligne-t-il.

Prouesses technologiques

Les espoirs reposent sur les archives de Paul Collart, l'archéologue genevois qui a mené une importante campagne de fouilles dans les années 50. "Ce fonds met à disposition de la communauté scientifique internationale les photographies que nous possédons", poursuit le chercheur de l'UNIL. "Grâce à leur numérisation, la start up française Iconem peut ensuite créer des modèles 3D de reconstitution. A terme, des algorithmes permettront d'étudier la faisabilité d'une reconstruction."

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Palmyre étant classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1980, c'est sous l'égide de l'organisation que devront être placées les conventions internationales permettant de lui redonner sa superbe.

Un lien avec les populations déplacées

La cité antique était multiculturelle et pluriconfessionnelle. "C'est ce passé commun qui doit servir aujourd'hui à la reconstruction du peuple", insiste Patrick Michel. "Le travail que les archéologues font sur le patrimoine matériel n'est pas détaché de la souffrance des personnes qui ont dû quitter la Syrie ou qui ont été tuées."

Selon lui, "la destruction du patrimoine culturel participe à effacer les identités humaines." Il est donc vital de conserver une mémoire collective. "On a développé un projet éducatif en langue arabe destiné aux réfugiés dans les camps au Liban, en Jordanie. Il y a un désir et une nécessité de leur part de transmettre cet héritage culturel à leurs enfants et aux générations suivantes."

Avant de reconstruire Palmyre, il n'est pas exclu pour le scientifique d'organiser des fouilles sous les niveaux détruits récemment, pour mieux connaître l'ancienne alliée de l'Empire romain, dont un bout d'histoire trône encore malgré les destructions.

Propos recueillis par Xavier Alonso

Adapatation web: Alexia Nichele

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