Exilé à Dubaï, le président du Pakistan entre 1999 et 2008 a été condamné pour avoir violé la Constitution et imposé l'état d'urgence dans le pays le 3 novembre 2007. Avec cette décision, il suspend alors les libertés civiles, les droits humains et le processus démocratique pendant près de quatre mois, au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste.
Cette mesure très impopulaire avait fini par causer sa chute en août 2008, après la défaite de son parti aux législatives. Face à la pression croissante de l'opposition et de la justice, ce nationaliste avait démissionné, pour ensuite amorcer un luxueux exil volontaire entre Londres et Dubaï.
"Déni de justice", dit l'armée
L'armée pakistanaise a réagi mardi à la condamnation en dénonçant un "déni de justice".
"La procédure légale régulière semble avoir été ignorée", affirme dans un communiqué le service de communication de l'armée, qui critique notamment "le déni du droit fondamental à la défense" du général et une affaire conduite selon elle "dans la précipitation".
Coup d'Etat en 1999
Aujourd'hui âgé de 76 ans, le général Musharraf était parvenu au pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang en octobre 1999, puis s'était autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé.
Sous le règne de ce stratège connu pour son franc-parler, admirateur de Napoléon Bonaparte et amateur de cigares, le Pakistan avait vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l'armée jouer la carte de l'apaisement face à l'Inde rivale.
Mais ses opposants n'ont eu de cesse de dénoncer sa mainmise "dictatoriale" sur le pouvoir, le renvoi "illégal" de juges de la Cour suprême qui s'opposaient à lui, l'imposition de l'état d'urgence et l'assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d'Islamabad à l'été 2007.
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