Narcos, Peaky blinders, The Wire, Gomorra, Mafiosa ou plus récemment El Chapo. Autant de fictions sur les réseaux mafieux qui se multiplient ces dernières années.
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Cette prolifération de séries inquiète le sociologue français Erwan Lecoeur: "Par ce biais, les mafieux sont de plus en plus acceptés et acceptables. Les générations futures sont en train de s’habituer à des choses qui ne sont pas forcément morales."
Et parfois, le réalité rattrape la fiction. En 2015, le chef du cartel de Sinaloa, El Chapo, a été interviewé en personne par le réalisateur Sean Penn alors qu'il était en cavale.
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Influence jusque dans la politique
Les mafieux paraissent ainsi fréquentables, et la société tolère des comportements autrefois impensables. Même les politiques flirtent avec un style mafieux.
"On assiste depuis quelques années à une libération des mots de haine et des conflits entre les groupes sociaux, constate le sociologue. Les discours sont de plus en plus durs et parfois les actes suivent les discours".
Le président américain Donald Trump lui-même a été comparé à un parrain par l'ancien directeur du FBI James Comey. "Aspiré dans l'orbite Trump, j'avais des flash-back qui me ramenaient au début de ma carrière, lorsque j'étais procureur et que je luttais contre la mafia", écrivait-il dans son livre "Mensonges et vérités, une loyauté à toute épreuve".
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"Le parrain contrôle tout. Les serments d'allégeance. La mentalité du 'eux contre nous'. Les mensonges à tous les étages au service d'un code de loyauté qui plaçait l'organisation au-dessus de la loi, de la morale et de la vérité."
Modèle de réussite
Ainsi, la frontière même symbolique entre pouvoir et organisations criminelles semble de plus en plus poreuse. Tandis que la figure de mafieux se mue en réussite sociale.
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"On est sur un imaginaire du mafieux qui a plus ou moins gagné dans l’imaginaire global depuis une dizaine d'années. Il ne faut pas s’étonner si les enfants veulent plutôt devenir mafieux qu'instituteurs", constate le sociologue français Erwan Lecoeur.