Il est bien difficile de dire combien de cabanes improvisées sont accrochées à la colline d’oliviers. Des hommes, des femmes et des enfants, seuls ou en famille, arrivent tous les jours et le bidonville, faute de places, ne cesse de s’étendre dans les hauteurs de Vathy, le chef-lieu de la petite île de Samos.
Joyce est arrivée il y a un mois avec ses deux filles de 2 et 14 ans. Cette jeune Congolaise explique mardi dans le 19h30 avoir été poussée à quitter son pays pour des raisons politiques.
Chaque jour, elle tente d'améliorer un peu son logement de fortune: un lit pour trois pour dormir avec des vieux matelas de récupération et une autre pièce qui lui permet de cuisiner, de se laver et de faire ses besoins dans un seau.
8000 personnes pour une capacité de 680 réfugiés
A Samos, la RTS a suivi cette jeune femme dans des rivières de détritus et d'immondices. Les toilettes et les douches collectives sont devenues impraticables.
Il faut dire que près de 8000 personnes vivent dans ce camp alors que la capacité d'accueil initial était de 680 réfugiés. Parmi eux, la plupart sont afghans, congolais ou syriens. La moitié sont des femmes et des enfants.
Une allocation de 90 euros par mois pour les adultes et 50 euros pour les enfants permet à ces migrants d'acheter quelques produits de première nécessité au bazar de la ville.
Mais la situation est devenue critique à Vathy. L'hiver, il y a désormais autant de réfugiés que d'habitants et la recrudescence de vols et de bagarres crée des tensions importantes.
"Une ville dans la ville"
Un homme explique que le camp est désormais devenu "une ville dans la ville". D'après lui, la situation a changé au fil des années: "En 2015, les Grecs étaient très solidaires pendant la crise syrienne, ils voulaient toujours aider. Maintenant, les choses ont changé. C'est un autre type de population, des Africains et des personnes d'autres nationalités qui ne viennent pas des zones de guerre".
Il y a quelques semaines, le gouvernement a d'ailleurs annoncé la fermeture de ce "hotspot" et la construction d'un nouveau camp fermé de 1200 places, à six kilomètres du port.
Pour les commerçants, cette décision ne servira qu'à éloigner le problème mais ils espèrent quand même que cela fera revenir les touristes: "Normalement, la saison commence en mai pour se terminer en octobre, mais l'été dernier, les touristes ne sont arrivés qu'en juillet. Nous avons donc perdu trois mois précieux durant l'hiver", estime un marchand au micro de la RTS.
Réfugiés et habitants pensaient la situation transitoire, mais les procédures pour obtenir un droit d'asile sont de plus en plus longues. Depuis l'accord entre l'Union européenne et la Turquie, des milliers de réfugiés se retrouvent ainsi souvent bloqués dans ce petit paradis transformé en prison à ciel ouvert.
Sujet TV: Annabelle Durand
Adaptation web: Tristan Hertig