En Charente-Maritime (ouest), département qui représente un tiers des expéditions françaises, les gendarmes multiplient pourtant les opérations de surveillance: contrôle des claires et des routes à terre, approche en canoë-kayak à travers les canaux d'irrigation qui relient les claires à l'océan, drones, surveillance nautique, ou inspection des étals de marchés. Malgré tout, 24 plaintes ont déjà été déposées cette année.
"On nous a volé 600 kilos d'huîtres en même pas trois quarts d'heure en octobre", témoigne Patricia Margat, exploitante à Fouras, face à l'île d'Aix. "Et encore, les voleurs ont dû être dérangés (...) parce qu'ils avaient détaché des poches qu'ils n'ont pas prises".
"Année noire"
"C'est la catastrophe, une année noire, on ne comprend pas ce qui se passe", s'interroge l'adjudant-chef Christophe Laferrière qui commande la brigade nautique de Charente-Maritime, chargée de surveiller le littoral.
L'enjeu économique est important en Charente-Maritime, dont la production annuelle de quelque 30'000 tonnes fait vivre un petit millier d'exploitants locaux.
Il faut remonter à 2011 pour trouver un total de vols plus important. Cette année-là, 40 tonnes avaient disparu, souvent la nuit. Mais à cette époque, la très grande mortalité des huîtres juvéniles, qui touchait jusqu'à 90% du cheptel depuis 2008, pouvait expliquer ces razzias, souvent attribuées à d'autres ostréiculteurs.
Cadastre des claires
Aujourd'hui, les huîtres sont en bonne santé et cette explication ne tient plus. "C'est plus facile de voler que de travailler", tranche Daniel Coirier, président du Comité régional de la conchyliculture de Poitou-Charentes.
Pour enrayer le phénomène, "il faudrait que l'on puisse clairement identifier les parcs à huîtres, qui ne sont délimités que par un bâton ou un fanion", expose l'adjudant-chef Laferrière qui a réclamé le cadastre des claires.
"Il faudrait aussi que les ostréiculteurs installent des clôtures autour des claires, ou des caméras, ou bien fassent appel à des agents de sécurité", observe-t-il.
afp/pym
Huîtres connectées
Emmanuel Parlier, fondateur de la société Flex-Sense, développe des huîtres connectées par GPS et cachées dans les poches de coquillages.
"Les huîtres connectées sont très efficaces, mais je constate régulièrement que des ostréiculteurs ne veulent pas payer une dizaine d'euros d'abonnement mensuel pour se protéger", dit cet expert judiciaire en aquaculture auprès de la cours d'appel de Poitiers. "Ils veulent attraper les voleurs. Ils font alors supporter le coût de la surveillance par la force publique".