Modifié

Le nombre d'hommes fumeurs devrait reculer pour la première fois en 2020

Aujourd'hui, 80% des consommateurs de tabac dans le monde sont des hommes. [Reuters - Jason Lee]
Le nombre d'hommes fumeurs devrait reculer pour la première fois en 2020 / La Matinale / 59 sec. / le 19 décembre 2019
Selon l'Organisation mondiale de la santé, le nombre d'hommes qui consomment du tabac va diminuer en 2020 pour la première fois - y compris en Suisse. Depuis près de 20 ans, le recul des fumeurs n'était dû qu'aux femmes.

"La baisse de la consommation chez les hommes constitue un tournant dans la lutte contre le tabagisme", affirme le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Elle est liée "à l'attitude plus ferme des gouvernements face à l'industrie du tabac", ajoute-t-il.

Selon le rapport de l'OMS publié jeudi, les consommatrices ont largement diminué dans le monde, de 346 millions il y a près de 20 ans à moins de 250 millions en 2018. En revanche les hommes, qui constituent plus de 80% des consommateurs, ont été 40 millions de plus à utiliser des produits du tabac, passant de 1,05 à 1,09 milliard. Or, ils seront plus d'un million de moins en 2020 et en recul de cinq millions d'ici 2025 pour atteindre 1,087 milliard.

"Les efforts doivent se poursuivre"

Spécialiste de la prévention du tabagisme au Centre universitaire de médecine générale et santé publique (UNISANTE) à Lausanne, Karin Zürcher s'est réjouie de cette tendance jeudi dans La Matinale. "La consommation de tabac est un des plus gros fléaux qui pèsent sur la santé publique internationale", rappelle-t-elle. "Mais c'est évident que les efforts doivent se poursuivre, s'intensifier, si on veut couvrir l'ensemble des pays du Globe."

Et si les femmes font mieux que les hommes en la matière, c'est "de manière très générale" parce que les femmes "ont un rapport plus positif à leur corps, à leur santé" que les hommes, constate Karin Zürcher. "Elles ont des modes de vie plus favorables à leur santé - consommation de substances de manière générale, activité physique, alimentation équilibrée, prévention des maladies sexuellement transmissibles (...) Mais il faut regarder les chiffres de manière plus fine à l'échelle des pays, des régions, typiquement en Suisse", précise-t-elle.

>> L'interview de Karin Zürcher dans La Matinale :

Karin Zürcher. [RTS]
L’OMS prédit une baisse de la consommation de tabac chez les hommes: interview de Karin Zurcher (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 19 décembre 2019

Cigarette électronique pas prise en compte

Les estimations laissent penser à une diminution de 10 millions du nombre total pour les deux sexes par rapport à 2018 et une nouvelle baisse de 27 millions d'ici à 2025, où il ne devrait pas dépasser 1,3 milliard. Le rapport ne prend toutefois pas en compte les cigarettes électroniques sur lesquelles l'OMS va se prononcer en février.

La Suisse montrée du doigt

Pour la Suisse, selon l'OMS, le taux de prévalence de consommateurs de tabac devrait passer de 23,1% en 2018 à un peu moins de 23% en 2020. Et à un peu plus de 21,5% en 2025. Il reculera de 26,1% à 25,6% en 2020 chez les hommes et d'un peu plus de 20% pour atteindre une proportion de 20% chez les femmes.

Sur le plan de la prévention, la Confédération est régulièrement ciblée par des acteurs pour sa politique jugée trop conciliante envers les tabagistes.

>> Lire : Le laxisme suisse dans la lutte contre le tabagisme pointé par des experts

ats/oang

Publié Modifié

Recul dans de nombreux pays

Depuis 2010, le tabagisme recule dans quelque 60% des Etats. Pour autant, l'objectif de réduire de 30% le tabagisme d'ici à 2025 ne devrait pas être atteint malgré ces avancées.

Au total, au rythme actuel, la diminution ne devrait s'établir qu'à 23%. Seuls 32 pays peuvent franchir le seuil des 30% de baisse. Chaque année, le tabagisme provoque plus de 8 millions de décès.

L'Asie, continent le plus touché

Par région, les taux les plus élevés en 2018 étaient observés dans une partie de l'Asie.

Le Pacifique occidental et l'Europe sont les zones où le recul est le plus lent.

De plus en plus de pays dans le monde appliquent des dispositifs comme des taxes ou l'interdiction de communication publique sur le tabac.