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Un ancien dirigeant du Kosovo devant le TPI

Ramush Haradinaj quittant sa maison à Pristina pour aller à La Haye
Ramush Haradinaj quittant sa maison à Pristina pour aller à La Haye
Le procès pour crimes de guerre de l'ancien Premier ministre du Kosovo Ramush Haradinaj s'est ouvert lundi devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) à La Haye.

Le procureur Carla del Ponte l'a décrit comme un «gangster» et
«un chef de guerre».



«Ne doutez pas que ce chef de guerre, son lieutenant et son
geôlier ont du sang sur les mains», a déclaré Carla Del Ponte lors
de sa déclaration d'ouverture. Selon elle, «les trois accusés
étaient des gangsters en uniforme, en possession du pouvoir... une
combinaison mortelle».

Réfugié en Suisse

Haradinaj, 38 ans, un ex-commandant de l'Armée de libération du
Kosovo (UCK) considéré comme un héros par de nombreux Kosovars, est
le plus haut responsable albanais du Kosovo jamais poursuivi par le
TPI. Il s'était réfugié en Suisse au début des années 90.



Il est inculpé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité
pour des persécutions, meurtres, tortures et viols commis contre
des Serbes et des civils albanais considérés comme collaborateurs
avec l'ennemi serbe alors qu'il dirigeait l'UCK entre 1998 et
1999.

Trente-sept chefs d'inculpation

Son procès, où comparaissent aussi son oncle Lahi Brahimaj (37
ans) et Idriz Balaj (35 ans) n'est que le deuxième contre des
Albanais du Kosovo devant le TPI. A eux trois, les accusés doivent
répondre de 37 chefs d'inculpation. Ils plaident non
coupable.



«Il n'y avait rien de noble ou d'héroïque dans les crimes de ce
dossier: ils étaient des meurtriers brutaux», a encore déclaré
Carla del Ponte. Pendant le conflit du Kosovo (1998-99), Brahimaj
et Balaj étaient des officiers de haut rang dans l'UCK, qui
combattait contre les forces contrôlées par Belgrade.



Après le conflit, celui qui symbolisait la résistance contre les
Serbes pendant la guerre était devenu le président du parti de
l'Alliance pour le futur du Kosovo (AAK). Il avait pris la tête du
gouvernement autonome fin 2004. Haradinaj a démissionné de son
poste de Premier ministre en 2005 après avoir été inculpé par le
TPI.



agences/hof

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Très apprécié au Kosovo

Au Kosovo, les Albanais, qui constituent plus de 90% de la population, considèrent cet ex-commandant de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), symbole de la résistance contre les Serbes, comme un héros.

Placé en liberté provisoire jusqu'au début du procès, Ramush Haradinaj a été autorisé à reprendre des activités politiques.

Le mois dernier, il a exhorté les Albanais du Kosovo à ne pas détruire leur rêve d'indépendance à cause de leur impatience.

En février dernier, une explosion a détruit trois véhicules de l'ONU à Pristina, après la présentation par l'émissaire de l'ONU Martti Ahtisaari d'un plan ouvrant la voie à l'indépendance de la province séparatiste serbe.

Selon des analystes, l'ancien Premier ministre reste l'une des personnalités les plus influentes du Kosovo et a contribué notamment à tempérer les réactions de la communauté albanophone, qui représente 90% de la population du Kosovo.

Manif de soutien de Kosovars albanais

Quelque 6000 Kosovars albanais ont participé lundi à une marche de soutien à l'ex-Premier ministre kosovar à Decane, à 80 km à l'ouest de Pristina, près de Gllogjan, le village natal de Ramush Haradinaj.