2019, une année qui redonne (aussi) espoir

Grand Format Série #19h30RTS

Reuters - Mike Hutchings

Introduction

Que ce soit en matière de climat, de conflits ou de violences, l'année qui prend bientôt fin n'a pas manqué de nouvelles dures et sombres. Mais d'autres tendances donnent davantage espoir en l'avenir. Retour sur quelques faits marquants dans la série "Positives" du 19h30.

Épisode 1
Un monde qui ne va pas si mal

AP/Keystone - Sakchai Lalit

En 2019, les statistiques ont parfois donné le sourire. C'est le cas d'une analyse de la Banque mondiale parue en novembre dernier. Selon celle-ci, 800 millions de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté dans le monde en quinze ans. Soit quinze pays dont les habitants vivent désormais avec plus de 1,90 dollar par jour.

Sept de ces États se trouvent en Afrique subsaharienne, ce qui démontre selon l'organisme international qu'il est aussi possible de réduire la pauvreté dans les circonstances les plus difficiles.

En Tanzanie par exemple, le taux de pauvreté extrême a reculé de 36,9 points de pourcentage entre 2000 et 2011, passant de 86% à 49,1%. Ce qui équivaut à une réduction annuelle moyenne de 3,2 points.

Globalement, alors qu'il y a 30 ans une personne sur trois sur la planète vivait dans l'extrême pauvreté, c'est le cas aujourd'hui d'une personne sur 12.

Des enfants qui meurent moins

Au chapitre des bonnes nouvelles figurent d'autres indicateurs marquants, dont le taux de mortalité infantile. En 1990, 93 enfants sur mille n'atteignaient pas l'âge de 5 ans. En 2017, ce taux est tombé à 39 pour mille, selon la Banque mondiale.

>> Voir le point sur ces chiffres dans le 19h30 :

Série "Positives": dans le monde, la pauvreté est en baisse et l'éducation en hausse.
19h30 - Publié le 3 janvier 2020

>> Lire aussi : Toutes les onze secondes, une mère ou son bébé meurent à l'accouchement

"Avec le taux de mortalité maternelle, ce sont deux indicateurs qui couvrent non seulement l'évolution des conditions de vie, mais aussi l'accès à l'éducation, notamment pour les femmes, l'accès aux soins de santé et l'accès à l'eau potable", explique dans le 19h30 Gilles Carbonnier, professeur d'économie du développement à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID).

Des enfants qui meurent moins, car ils sont mieux nourris, mieux soignés et mieux vaccinés. Notamment contre la polio, dont on dénombrait 350'000 nouveaux cas chaque année en 1988, contre 33 en 2018, d'après l'UNICEF. La maladie pourrait bientôt être totalement éradiquée.

L'enjeu est désormais de consolider et confirmer ces progrès. Un objectif reconnu par la communauté internationale. Il y a trois semaines, une alliance mondiale de partenaires du développement a annoncé son engagement à entretenir la dynamique de la lutte contre l'extrême pauvreté. Quelque 82 milliards de dollars seront mobilisés au profit du fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, dont 53 milliards pour l'Afrique.

Épisode 2
En Inde, la révolution des toilettes

EPA/Keystone - Harish Ryagi

Parmi les avancées qu'a connues le monde en 2019 figure un progrès de taille en Inde: la révolution des toilettes. Depuis cet automne, le pays se revendique entièrement équipé de WC. Une annonce faite par le Premier ministre Narendra Modi, qui avait lancé le programme "L'Inde propre" en 2014. Selon le gouvernement, plus de 100 millions de toilettes ont été construites en cinq ans, faisant passer la couverture en latrines de l'Inde rurale à 99% aujourd'hui. Un programme qui a accordé 200 dollars à tout foyer acceptant d'installer des WC.

Car en Inde, la défécation en plein air - très courante - représentait un énorme problème sanitaire et de sécurité, en particulier pour les femmes. Mais certains observateurs mettent en doute le bilan du gouvernement, soulignant que ce n'est pas parce que des toilettes sont installées qu'elles sont utilisées. Environ 29% des foyers ruraux n'emploieraient pas de WC. Le succès de l'opération passe également par un changement des mentalités.

Dans l'Etat de l'Haryana, dans le nord du pays, le village de Chakjalu a été le premier à s'équiper de toilettes. Depuis, des patrouilles ont été créées pour traquer les réfractaires. "Nous les avons mises en place car certains villageois n'ont toujours pas compris l'intérêt des toilettes", explique Aman Jeet, motivateur au sein du programme "L'Inde propre" dans la région. "Quand nous attrapons ces personnes, nous essayons de leur expliquer les conséquences et ils nous assurent qu'ils ne recommenceront pas."

Des villages de la région ont adopté d'autres méthodes. A Godika, à quelques kilomètres de Chakjalu, seuls les prétendants équipés de toilettes peuvent espérer se marier avec une femme du village. Des latrines pour avoir une nouvelle vie et faire entrer l'Inde dans une nouvelle ère.

>> Le reportage du 19h30 dans le nord de l'Inde :

Le gouvernement indien a investi 43 milliards de francs pour construire 100 millions de toilettes en 5 ans.
19h30 - Publié le 2 janvier 2020

Épisode 3
Un "buisson" des humanités plus riche

Keystone/AP - Bullit Marquez

Du côté de la science, 2019 a vu la famille des hominidés s'agrandir. Des chercheurs ont annoncé ce printemps avoir découvert une nouvelle espèce humaine aux caractères morphologiques singuliers qui vivait sur l'île de Luçon, aux Philippines, il y a plus de 50'000 ans.

L'espèce Homo luzonensis présente à la fois "des éléments ou caractères très primitifs ressemblant à ceux des Australopithèques et d'autres, modernes, proches de ceux des Homo sapiens", a expliqué à la presse Florent Détroit, paléoanthropologue au Musée de l'Homme à Paris et principal auteur de l'étude parue dans la revue Nature. Cela en fait une espèce "mosaïque".

L'Homo luzonensis, qui n'est pas un ancêtre direct de l'homme moderne, serait une espèce voisine, contemporaine de l'Homo sapiens. Deux des fossiles analysés ont été datés directement par la méthode des séries de l'uranium et sont âgés respectivement de 50'000 ans et de 67'000 ans.

>> Lire : L'Homo luzonensis, nouvelle espèce humaine découverte aux Philippines

"C'est intéressant parce que ça nous montre qu'il y a eu une vraie diversité humaine", indique Antoine Balzeau, paléoanthropologue au Musée de l'Homme. "Nous nous rendons compte que nous sommes face à un buisson de nombreux groupes humains." Alors qu'on a longtemps pensé l'évolution humaine comme une ligne droite depuis l'Homo erectus, elle s'avère plus complexe, avec des branches multiples. "Et l'Homo luzonensis est le petit dernier de ce buisson de l'humanité", ajoute le scientifique.

Une humanité "plus complexe"

Plusieurs trouvailles faites cette année portent sur une autre espèce distincte de l'Homo sapiens: l'Homme de Denisova, dont des os ont été retrouvés en Sibérie et en Asie. Grâce à une nouvelle technique basée sur l'étude des protéines, une mandibule découverte en haute altitude sur le plateau tibétain a permis de confirmer qu'un Dénisovien a vécu dans cette zone en pleine période glaciaire, il y a 160'000 ans, a révélé une étude ce printemps.

Un Dénisovien dont on a désormais une idée de l'apparence physique grâce aux progrès faits en matière d'étude de l'ADN ancien, celui prélevé sur les fossiles humains.

>> Ecouter aussi le point sur ces cousins d'Asie dans CQFD :

Comparaison de dents d'Homo luzonesis, d'Homo erectus et d'Homo sapiens.
Florent DETROIT
AFP [Florent DETROIT]Florent DETROIT
CQFD - Publié le 17 juin 2019

D'après de récentes découvertes, l'Homme de Denisova se serait par ailleurs mélangé à d'autres espèces. Un os d'une enfant métisse a ainsi été retrouvé dans une grotte en Sibérie. Une jeune fille de mère néandertalienne et père dénisovien, selon une étude parue elle aussi dans Nature.

"Des humanités différentes ont cohabité avec nous les Homo sapiens, nous avons partagé la Terre et nous avons parfois même échangé des gênes", résume Antoine Balzeau. "Cela change complètement la vision que l'on a de l'Homo sapiens. Cela donne une image de l'humanité plus complexe, tissée avec les gênes d'autres groupes humains."

Une humanité fragile aussi. L'extinction des autres espèces que l'Homo sapiens prouve que les humains sont des espèces vivantes animales comme les autres, risquant de disparaître lors de crise importante, rappelle Antoine Balzeau.

>> Voir le reportage du 19h30 :

Suite de la série "Positives": Du neuf sur nos origines, la saga d'homo sapiens se redessine grâce à de nouvelles découvertes.
19h30 - Publié le 31 décembre 2019

Épisode 4
Une Suisse plus épicée et exotique

RTS - DR

Comment consommer certains aliments exotiques sans faire trop de mal à la planète? Pour les consommateurs suisses fans de gingembre, il existe désormais une solution car la plante est cultivée dans le pays.

Une innovation que l'on doit à un ingénieur-horticulteur de formation, Stephan Müller, qui s'est laissé séduire par le rhizome lors d'un voyage aux Etats-Unis il y a sept ans. En revenant, l'Alémanique se lance dans la production de gingembre sous ses grandes serres de la campagne zurichoise. "J'aime faire toutes sortes d'expériences", raconte Stephan Müller. "Alors je me suis dit: ce qui fonctionne dans l'Orégon doit aussi marcher à Steinmaur."

Aujourd'hui, ses quelque 5000 m2 de gingembre et 1/5 de curcuma demandent une chaleur modérée, de l'humidité et surtout pas de courant d'air. Après six ans de tests, le passionné a récolté en 2018 10 tonnes de gingembre.

Et Stephan Müller s'est déjà fixé son prochain défi: tester de nouvelles céréales comme l'amarante ou le millet qui aujourd'hui poussent en Amérique centrale, en Asie ou en Afrique.

>> Voir le reportage du 19h30 dans la campagne zurichoise :

Série "Positives" : cultures de gingembre et de curcuma bio dans l'Unterland zurichois.
19h30 - Publié le 30 décembre 2019

Épisode 5
Le plastique n'est plus fantastique

Keystone - Alexandra Wey

En Suisse, chaque habitant consomme par année 125 kilos de plastique, selon l'Office fédéral de l'environnement. Avec pour résultat 5000 tonnes qui se retrouvent chaque année dans la nature. Mais bonne nouvelle en 2019: plusieurs acteurs se sont mobilisés pour limiter ces déchets.

Dès le 1er janvier 2020, les restaurateurs genevois ne pourront plus utiliser de plastique jetable sur les terrasses. Neuchâtel appliquera le même règlement dès le 1er mars prochain même si la ville a été déboutée il y a quelques mois dans sa volonté d'interdire les pailles. "Nous avons pris un autre angle, celui de la loi des domaines publics, comme à Genève", explique Violaine Blétry-de-Montmollin, conseillère communale à Neuchâtel. "L'idée est de construire différemment cette interdiction, lors des manifestations, sur les terrasses et les marchés."

>> Lire aussi : Le plastique à usage unique sera banni de la Ville de Genève dès 2020

Du côté de la grande distribution, on s'organise également. Un accord de branche a été signé: dès le 1er janvier 2020, tous les sacs plastiques gratuits disparaîtront des caisses des commerces de détails suisses signataires. Les grands magasins se mettent aussi à la vente en vrac des produits bio.

Et la restauration collective suit le mouvement. Dès le 1er janvier 2020, le leader romand du secteur, Eldora SA, supprimera tous les emballages plastiques non réutilisables dans ses 270 restaurants. De la vaisselle consignée sera proposée aux clientes et clients.

>> Voir le reportage du 19h30 :

Série "Positives": le plastique à usage unique n'est plus fantastique.
19h30 - Publié le 1 janvier 2020

Mais les associations de défense de l'environnement relativisent ces efforts. Pour elles, il faut aller plus loin. "Il faudrait plutôt que la Suisse s'engage, comme l'Union européenne l'a fait pour 2021, à prendre des mesures concrètes. La solution ultime c'est de passer par l'interdiction", estime Cloé Dutoit, présidente de l'association En vert et contre tout.

Dans l'UE, une dizaine de catégories de produits seront interdits dans un an. Des produits qui représentent à eux seuls 70% des déchets échoués dans les océans et sur les plages.

>> Lire : L'UE interdit les pailles, gobelets et autres couverts en plastique

>> Voir aussi les explications de Christophe Schenk, rédacteur en chef adjoint Actualité TV, sur cette série :

Christophe Schenk présente la série "Positives"
19h30 - Publié le 30 décembre 2019