Comment mieux "se partager" Noël, point culminant de la charge mentale
Les cadeaux de Noël sont-ils choisis et emballés, le menu du réveillon planifié, les courses faites, les chambres des invités préparées? Noël et son organisation est un point culminant de la charge mentale, très souvent endossée par les femmes. Comment se sortir de cette ornière?
Si la préparation de Noël rime bien souvent avec stress et surcharge de travail, la charge de planifier et d'orchestrer les réjouissances repose régulièrement sur les épaules d'une seule personne. Cette dernière, souvent une femme, porte alors à elle seule la charge mentale des tâches à effectuer dans sa cellule familiale.
C'est là précisément la définition de la charge mentale, qui désigne une charge cognitive, invisible, concernant principalement tout ce qui touche à l'organisation domestique. La dessinatrice et bloggeuse française Emma, dans sa BD "Fallait demander", a mis des mots et illustré le quotidien de milliers de femmes ou mamans qui, en plus de s'occuper des tâches ménagères, doivent coordonner toute l'intendance de la maison. L'humoriste Nora Hamzaoui en a elle aussi fait un sketch, où elle attend une décision de son compagnon pour Noël, une manière d'illustrer avec humour les pressions liée à la charge mentale ressentie à l'approche des Fêtes de fin d'année.
Noël, point culminant de la charge mentale
"Le concept de charge mentale est arrivé dans la sociologie du travail pour décrire des activités qui demandent à la fois de l'anticipation et de l'organisation", explique Caroline Dayer, chercheuse en sciences sociales. "Or, même en Suisse, en terme de rôles sociaux, on voit que ce sont majoritairement les femmes qui s'occupent des tâches domestiques", souligne-t-elle. "Noël devient le point culminant de la charge mentale - comme anticiper la liste des courses - mais aussi la charge émotionnelle - comment faire pour que toute la famille se porte au mieux pendant ce moment rempli d'attentes et de tensions."
La répartition des tâches devrait être la norme, estime Coline Charpentier, auteure de "T'as pensé à?", un guide sur la charge mentale. "On n'aide pas, on fait sa part. Même si on a un travail très prenant", recommande-t-elle.
Réfléchir à l'organisation familiale
Il n'y a pas que la répartition dans le couple qui est importante: Noël devrait permettre aussi de réfléchir à la manière dont la famille est organisée. "Si dans les groupes de discussion type WhatsApp, ce ne sont que les femmes de la famille qui discutent de comment Noël va s'organiser, il faut peut-être s'interroger", illustre Coline Charpentier. Faire sa part, c'est aussi par exemple s'occuper des cadeaux de sa propre famille, ce qui retire une bonne partie de la charge mentale à sa partenaire. "C'est à la portée de tout le monde, et cela permettrait vraiment à tout le monde de passer de meilleures fêtes de fin d'année", affirme-t-elle.
Pour lever cette charge mentale en période de Noël, il faudrait notamment rompre avec les normes genrées en discutant de qui fait quoi. "De nombreuses personnes disent qu'elles n'ont aucun plaisir à entrer dans des rôles sociaux qui ne leur conviennent pas ou plus. Donc, il faudrait réfléchir à comment remettre le plaisir au centre de la fête, et que chaque personne y trouve son compte", préconise Caroline Dayer.
En 2018, le terme de "charge mentale" avait été consacré "expression romande" de l'année par le Département de linguistique de la Haute école des sciences appliquées de Zurich. En 2019, c'est l'expression "vague verte" qui a raflé la mise. Ce qui ne veut pas dire que la charge mentale n'est plus d'actualité.
Natacha Van Cutsem/kkub
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