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La royauté britannique en crise après un nouvel "annus horribilis"

La reine Elizabeth II lors de l'enregistrement de son allocution de Noël, 24.12.2019. [Pool/AFP - Steve Parsons]
La royauté britannique en crise après une nouvelle "annus horribilis" / Le Journal horaire / 20 sec. / le 24 décembre 2019
Alors que la reine Elisabeth II a reconnu mardi une année "semée d'embûches" dans son allocution de Noël, le prince Charles préparerait une cure d'austérité pour la famille royale dont il veut réorganiser les structures.

Entre les scandales ébranlant la famille et le Brexit déchirant le pays, 2019 a tourné à "l'annus horribilis" (année horrible, en latin) pour la royauté britannique, un terme que la reine avait utilisé pour qualifier l'année 1992, dans un fameux discours prononcé quelques mois après le 40e anniversaire de son accession au trône.

De fait, rarement la monarchie britannique aura été aussi ébranlée depuis la mort de Diana à Paris il y a plus de 20 ans, font remarquer les experts.

Appel à la réconciliation des Britanniques

Lors de sa traditionnelle allocution de Noël, Elisabeth II n'a pas caché les difficultés du pays en demandant aux Britanniques de surmonter leurs divisions. Cet appel à la réconciliation intervient au moment où le Royaume-Uni se prépare à un tournant historique, avec une sortie de l'Union européenne programmée le 31 janvier, après trois ans et demi de chaos politique.

Famille secouée par les événements privés

Pour la souveraine de 93 ans et sa famille, 2019 avait commencé par un accident de voiture du prince Philip, son époux, qui vient de terminer l'année avec quatre jours d'hospitalisation (lire encadré).

Entre-temps, le nom de leur fils Andrew est apparu dans l'affaire de trafic de mineures de Jeffrey Epstein. Le deuxième fils d'Elizabeth II est accusé par une Américaine d'avoir eu des relations sexuelles avec elle alors qu'elle se trouvait sous l'emprise du milliardaire américain.

>> Lire : Le prince Andrew annonce "mettre fin à ses engagements publics"

La famille royale a aussi dû gérer les critiques visant l'épouse du prince Harry, Meghan. Après avoir attaqué en justice des tabloïds accusés de persécuter l'actrice américaine, comme ils l'avaient fait avec Diana, et s'être épanché sur la pression médiatique dans un documentaire, le couple s'est mis en retrait. Il passe Noël au Canada, loin du reste de la famille royale.

Recentrer la famille sur un noyau dur

Mais c'est bien l'affaire Epstein qui met la pression pour soumettre la famille royale britannique à une cure d'austérité. Le prince Charles, qui se prépare à prendre la suite de sa mère, âgée de 93 ans, "veut ramener (la famille royale) à un noyau de membres haut placés qui travaillent à plein temps", souligne Penny Junor, auteure de nombreux livres sur la monarchie, dont "La Firme", d'après le surnom parfois donné à la monarchie britannique. "Le fait qu'Andrew se soit tiré une balle dans le pied rend les choses plus faciles", ajoute-t-elle.

Face à ces turbulences royales, le quotidien The Guardian a estimé de son côté que "La Firme" avait "perdu la main". Et beaucoup d'experts royaux s'attendent désormais à une baisse du train de vie pour la famille, dont de nombreux membres disposent d'un rang valant rémunération (lire encadré).

Le quotidien The Telegraph a du reste récemment appelé à "rationaliser la Windsor S.A.": "les familles royales élargies fonctionnent quand vous régnez sur un quart du monde (...) pas sur une Grande-Bretagne (...) au bord de la récession", a-t-il écrit.

afp/oang

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La famille royale, un "atout marketing" coûteux

"L'argent de la monarchie est un point douloureux depuis longtemps. C'est celui par lequel attaquent les républicains", qui l'estiment d'un autre temps, remarque Jonny Dymond, qui couvre la famille royale pour la BBC.

Pourtant, outre l'attachement des Britanniques à cette dynastie qui transcende la vie de ses sujets, son image glamour est considérée comme un atout marketing pour le Royaume-Uni.

Sur le plan financier, la reine reçoit du gouvernement britannique une allocation ("Sovereign Grant") qui atteignait l'équivalent de 102 millions de francs pour l'exercice 2018-2019, afin de payer ses fonctions de représentation ou celles des membres de sa famille, ses employés et l'entretien du palais de Buckingham, entre autres.

La souveraine bénéficie aussi d'une "bourse privée" ("privy purse") qui provient des revenus d'actifs élevés du Duché de Lancaster, propriété de la royauté depuis le Moyen Age: près de 25 millions de francs l'an dernier, que la reine distribue en partie à ses proches.

Mais Buckingham ne donne pas de détail sur l'utilisation de ces fonds, ou sur la fortune de membres de la famille comme Andrew.

Le prince Philip va mieux

Le prince Philip est sorti mardi, à la veille de Noël, de l'hôpital où il avait été admis vendredi pour des problèmes de santé "préexistants".

Le duc d'Edimbourg, 98 ans, avait été hospitalisé vendredi à l'hôpital londonien Edward VII pour y être "traité en observation en raison de problèmes de santé préexistants", avait alors indiqué le palais de Buckhingham, évoquant "une mesure de précaution".

"Il est désormais de retour à Sandringham", le domaine de l'est de l'Angleterre où la famille royale passe traditionnellement les fêtes et où se trouve déjà la reine de 93 ans, a précisé ensuite le palais de Buckingham dans un communiqué.