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2019, l'année de toutes les contestations dans le monde

"Où va le monde?", premier épisode de notre revue 2019
"Où va le monde?", premier épisode de notre revue 2019 / 19h30 / 6 min. / le 26 décembre 2019
Hong Kong, Chili, Algérie, Liban ou France, dans de nombreux pays, des citoyens en colère et sans leader ont déferlé dans les rues en 2019, reprenant le combat des "indignés" du début de la décennie contre un système politique, les élites ou les inégalités.

Grimés comme le protagoniste du film "Joker", personnage qui a le sentiment d'être marginalisé et jamais pris au sérieux, ou masqués comme celui de V de Vendetta, des milliers de citoyens ont dénoncé des maux communs cette année à Bagdad, Beyrouth ou La Paz, faisant chuter cinq chefs d'Etat ou de gouvernement.

"La société ne supporte plus de payer, payer. Ils ont pressé le citron et ça devait finir par s'effondrer", lançait Marcela Paz, interrogée lors d'une manifestation d'un million de personnes au Chili fin octobre.

Ces rébellions ont en commun de se bâtir dans l'"horizontalité", "sans leader, sans organisation ni structuration dans un premier temps", observe Olivier Fillieule, spécialiste des mouvements sociaux à l'Institut d'études politiques de Lausanne.

En France ou à Hong Kong, Noël n'a pas changé la donne: aucune trêve n'a été observée dans les mouvements sociaux.

>> Voir le sujet du 19h30 sur la mobilisation en France à Noël :

Grève en France : Après 20 jours de mobilisation, le mouvement continue malgré les fêtes
Grève en France : Après 20 jours de mobilisation, le mouvement continue malgré les fêtes / 19h30 / 1 min. / le 24 décembre 2019

Des origines très diverses

Le boutefeu peut être relativement abstrait, comme une loi sur les extraditions à Hong Kong, ou terre à terre comme la hausse du ticket de métro à Santiago du Chili, et une nouvelle taxe sur WhatsApp au Liban, mais partout, l'étincelle déclenche des déflagrations en cascade.

>> Lire aussi : Près de 800'000 personnes à Hong Kong pour les six mois de contestation et Les Chiliens à nouveau dans la rue au 50e jour de la contestation sociale

Internet amplifie les mouvements bien plus encore qu'en 2011, alors que le nombre d'internautes a plus que doublé en dix ans, passant à 4,5 milliards de personnes. Les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant, tout comme les messageries sécurisées pour se passer des mots d'ordre ou des applications spécialement créées par les protestataires.

En Iran, en Irak ou en en Egypte, les gouvernants confrontés aux soulèvements ont tenté de les endiguer en coupant internet, sans grand succès dans la durée.

>> Lire aussi : Les Irakiens enterrent leurs morts alors que le Parlement accepte le départ d'Abdel Mahdi et Manifestations en Iran contre l'augmentation du prix de l'essence

>> Le décryptage de Tout un Monde sur la situation en Iran :

Une action de protestation contre la hausse du pétrole à Téhéran, samedi 16 novembre 2019. [EPA - Stringer]EPA - Stringer
Les manifestations contre la hausse du prix du pétrole se poursuivent en Iran / Tout un monde / 5 min. / le 20 novembre 2019

Défiance face au système

Ce ne sont pas uniquement "des révolutions Facebook", explique toutefois Geoffrey Pleyers, sociologue à l'Université de Louvain. Il s'agit de mouvements profonds où les jeunes forment souvent les avant-gardes, mais qui dépassent les clivages générationnels. Les gilets jaunes français peuvent être souvent plus âgés; le mouvement chilien comprend beaucoup de retraités; les manifestants à Barcelone ou en Bolivie sont de tous âges, note le chercheur.

>> Lire aussi : La mobilisation pour les retraites et les gilets jaunes se retrouvent à Paris et Quelque 350'000 indépendantistes manifestent à Barcelone

Sur le fond, les slogans scandés traduisent la défiance des manifestants face à un système économique qui n'est plus vu comme vecteur d'ascension sociale, et à une démocratie inexistante ou sourde aux doléances des citoyens.

Ces révoltes, soulignent les experts, puisent leurs racines dans les mouvements du début de la décennie: le Printemps arabe, lancé fin 2010 en Tunisie, ou encore Occupy Wall Street, à partir de septembre 2011, contre l'austérité et les abus du capitalisme financier.

>> L'éclairage de Tout un Monde sur la situation au Chili :

Les manifestations se poursuivaient lundi à Santiago, la capitale du Chili. [AFP - Rodrigo Arangua]AFP - Rodrigo Arangua
Chili: la répression policière fait 5 morts et plus de 2’000 blessés lors des manifestations / Tout un monde / 4 min. / le 15 novembre 2019

Des effets concrets

Ces mobilisations ont souvent eu des effets concrets. En seulement quelques semaines, ces mouvements ont entraîné le départ d'Abdelaziz Bouteflika en Algérie, d'Omar el-Béchir, renversé en avril après 30 ans au pouvoir au Soudan, ou encore la démission du président bolivien Evo Morales, du Premier ministre libanais Saad Hariri et de son homologue irakien Adel Abdel Mahdi.

>> Lire aussi : Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a démissionné et Avec la démission d'Evo Morales, une page se tourne en Bolivie

A Hong Kong, la loi d'extradition contestée a été retirée et la Chine a annoncé qu'elle va "améliorer" le processus de désignation du chef de l'exécutif, deux des revendications des manifestants pro-démocratie.

Mais la répression a aussi été féroce par endroits. En Iran, au moins 304 personnes ont été tuées entre le 15 et le 18 novembre, selon Amnesty International. En Irak, quelque 460 personnes ont été tuées et 25'000 blessées en près de trois mois d'une révolte inédite, qui se poursuit.

>> Le point sur la situation en Irak dans le 12h45 :

En Irak, les manifestants ont obtenu la démission du premier ministre et de son gouvernement
En Irak, les manifestants ont obtenu la démission du premier ministre et de son gouvernement / 12h45 / 1 min. / le 30 novembre 2019

afp/boi

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