Rapporté depuis plusieurs jours par la presse locale, ce sujet fait grincer des dents dans les journaux et dans certains camps politiques. Tout d'abord parce que, selon les journaux, ce sont des politiciens, des hauts fonctionnaires et des propriétaires de banque qui ont fait parvenir leur argent en lieu sûr.
De son côté, Riad Salamé, gouverneur de la Banque centrale, s’est gardé de confirmer ces informations et s'est contenté de promettre une enquête. "S'il y a des transferts de fonds suspects, nous le saurons", a-t-il simplement indiqué à des journalistes.
Pour le député Hassan Fadlallah, un élu du Hezbollah connu pour dénoncer les affaires de corruption, ce sont au moins 9 milliards de dollars qui ont été transférés en Suisse en décembre. Et de demander leur restitution.
La classe politique conspuée
Si ces révélations font scandale, c'est tout d'abord parce que la classe politique, tout comme les responsables financiers, sont conspués par la rue depuis de longs mois.
Ensuite parce que les clients ordinaires des banques sont sous le coup de restrictions sans précédent: les transferts de fonds leur sont interdits et les retraits en dollar, qui est utilisé au même titre que la livre libanaise, sont devenus quasi impossibles.
Cette affaire devrait redonner du carburant au mouvement de contestation qui a baissé en intensité ces dernières semaines: des manifestants se sont d’ailleurs rassemblés jeudi devant la Banque centrale pour réclamer le retour des fonds.
Laure Stephan/boi