Les frappes ont été menées contre des installations des Brigades du Hezbollah, une des factions pro-Iran du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires formée pour lutter contre les djihadistes et désormais intégrée aux forces de sécurité irakiennes.
Ces frappes interviennent après deux mois d'une escalade sans précédent dans les tirs de roquettes contre les intérêts américains en Irak, pays en pleine révolte contre le pouvoir et son parrain iranien, alors que Washington est désormais, politiquement, aux abonnés absents.
Le Hachd al-Chaabi a annoncé un bilan de 25 morts - des combattants et des commandants - et de 51 blessés dans les frappes américaines menées dans l'ouest de la province désertique d'al-Anbar, qui va de Bagdad à la frontière syrienne.
"Affaiblir les brigades du Hezbollah"
Ces raids visaient, a assuré le Pentagone, à "affaiblir les capacités des brigades du Hezbollah à mener de futures attaques". Car depuis le 28 octobre, 11 attaques à la roquette ont visé des bases où sont postées des soldats ou des diplomates américains, et jusqu'à l'ambassade américaine dans l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad.
Les 10 premières attaques ont fait un mort et des blessés parmi les militaires irakiens, ainsi que des dégâts matériels, mais celle de vendredi soir a marqué un tournant. Non seulement elle a tué un sous-traitant américain mais, pour la première fois, 36 roquettes se sont abattues sur une seule et même base abritant des soldats américains.
Faction pro-Iran intégrée dans l'armée irakienne
Pour plusieurs de ces attaques, des sources américaines ont accusé les brigades du Hezbollah, une des factions pro-Iran du Hachd. Ce dernier a été formé en 2014 pour lutter contre les djihadistes, à partir notamment de groupes existant depuis des années et ayant longtemps combattu les Américains après leur invasion de l'Irak en 2003.
Les brigades du Hezbollah, armées, entraînées et financées par l'Iran, opèrent pour partie au sein du Hachd - donc des troupes régulières irakiennes - et pour partie indépendamment, notamment en Syrie, où elles servent de supplétifs aux forces du régime de Bachar al-Assad.
ats/cab
"Dégager l'ennemi américain"
Le porte-parole militaire du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a dénoncé "une violation de la souveraineté irakienne", tandis que les brigades du Hezbollah ont appelé à "dégager l'ennemi américain".
Une autre faction pro-Iran, Assaïb Ahl al-Haq a estimé que la présence américaine est devenue "une source de menace".
"Avec ces attaques, l'Amérique a montré son ferme soutien au terrorisme et son dédain pour l'indépendance et la souveraineté des pays, et elle doit assumer les conséquences de son acte illégal", a déclaré lundi le porte-parole des des Affaires étrangères iraniennes Abbas Moussavi.
Crise sociale et politique
Les attaques contre des intérêts américains ou des bases des pro-Iran font redouter ce contre quoi les dirigeants irakiens mettent en garde depuis des mois: que leurs deux alliés américain et iranien utilisent leur sol comme un champ de bataille.
Depuis la démission du gouvernement irakien il y a près d'un mois, Téhéran et ses alliés en Irak poussent pour placer un de leurs hommes au poste de Premier ministre. Face à l'intransigeance iranienne, le président Barham Saleh menace lui aussi de démissionner.
L'instabilité politique a été déclenchée par la pire crise sociale que connaît le deuxième producteur de pétrole de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), avec près de 460 morts et 25'000 blessés.