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Demande d'arrestation d'Interpol pour Carlos Ghosn reçue par le Liban

Carlos Ghosn photographié à Tokyo le 03.04.2019. [AFP - Kazuhiro Nogi]
Des questions se soulèvent après la fuite de Carlos Ghosn / La Matinale / 33 sec. / le 2 janvier 2020
Le Liban a reçu jeudi une demande d'arrestation d'Interpol pour Carlos Ghosn. L'ancien patron de Nissan-Renault a fui le Japon pour Beyrouth, a annoncé jeudi le ministre libanais de la Justice.

"Le parquet général (...) a reçu une notice rouge d'Interpol concernant le dossier Carlos Ghosn", a indiqué le ministre Albert Sarhane, cité par l'agence de presse officielle ANI.

Au terme d'une fuite rocambolesque, l'ex-patron de Renault-Nissan, poursuivi au Japon pour malversations financières, est arrivé lundi au Liban, où son lieu de résidence reste inconnu.

Interpol n'émet pas de mandats d'arrêt et ne peut déclencher ni enquêtes ni poursuites, mais les pays membres et les tribunaux internationaux peuvent demander la publication de "notices rouges". Ces avis de recherche internationaux s'appuient sur des mandats d'arrêt nationaux, dont les informations qu'ils contiennent sont transmises aux autres membres via une base de données sécurisée.

>> Regarder l'interview de la journaliste Bertille Bayart dans Forum :

L’évasion de Carlos Ghosn, digne d’un roman policier: interview de Bertille Bayart
L’évasion de Carlos Ghosn, digne d’un roman policier: interview de Bertille Bayart / Forum / 5 min. / le 2 janvier 2020

Entré "légalement" au Liban

Les autorités libanaises avaient déjà annoncé que Carlos Ghosn était entré "légalement" dans le pays, avec un passeport français et une carte d'identité libanaise, selon une source à la présidence. De son côté, la Sûreté générale avait assuré que rien n'imposait "l'adoption de procédures à son encontre" ni "l'exposait à des poursuites judiciaires" au Liban.

Le ministère libanais des Affaires étrangères avait rappelé qu'il n'existait pas d'accords de "coopération judiciaire" ou d'extradition avec le Japon.

La présidence libanaise a par ailleurs démenti jeudi les allégations selon lesquelles le président Michel Aoun a accueilli l'ancien homme d'affaires à son arrivée au Liban.

Deux passeports français

Une source proche du dossier a affirmé que Carlos Ghosn avait deux passeports français, dont un sur lui dans un étui fermé par un code secret, confirmant des informations de la chaîne publique japonaise NHK. Selon cette même source, trois passeports (un français, un libanais et un brésilien) sont conservés par ses avocats. Il est soupçonné par les procureurs japonais d'avoir utilisé à son arrivée au Liban un deuxième passeport français en sa possession.

Les autorités japonaises n'ont cependant pas de données informatiques indiquant que Carlos Ghosn, facilement reconnaissable, se serait présenté sous sa réelle identité aux contrôles aux frontières du Japon avant son départ, dans aucun des aéroports du pays.

Il est donc soupçonné d'avoir employé un "moyen illégal" de sortie du territoire (sous une autre identité ou en échappant aux contrôles), souligne la chaîne publique de télévision NHK citant des sources proches des enquêteurs.

Perquisition à Tokyo

Par ailleurs, selon les médias japonais, une perquisition a eu lieu ce jeudi dans l'habitation où il vivait à Tokyo en liberté conditionnelle.

Carlos Ghosn, inculpé à quatre reprises et sorti de détention provisoire sous caution en avril 2019, vivait relativement libre de ses mouvements à l'intérieur du Japon, sous diverses conditions.

agences/jvia

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Enquête et interpellations en Turquie

En outre, sept personnes ont été interpellées à Istanbul, selon l'agence de presse DHA. Le ministère de l'Intérieur a ouvert une enquête pour déterminer les conditions dans lesquelles Carlos Ghosn a pu transiter par un aéroport d'Istanbul avant de se rendre au Liban, a rapporté la chaîne d'information turque NTV.

NTV ajoute qu'un jet privé a décollé dimanche soir de l'aéroport international du Kansai, dans la baie d'Osaka, à destination d'Istanbul. D'après deux sources dans l'entourage de Carlos Ghosn, une société privée a orchestré sa fuite.

Pas extradé par la France s'il venait à s'y réfugier

Carlos Ghosn ne sera pas extradé s'il vient en France, a affirmé jeudi la secrétaire d'Etat française à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, sur la chaîne BFMTV.

"Si Carlos Ghosn venait en France, nous ne l'extraderons pas, parce que la France n'extrade jamais ses nationaux. Donc nous lui appliquons, comme à Monsieur Tout-le-monde, les mêmes règles du jeu. Mais cela ne nous empêche pas de penser que Carlos Ghosn n'a pas à se soustraire à la justice japonaise", a-t-elle dit à propos de l'ex-patron de Renault-Nissan, arrêté en novembre 2018 et accusé de malversations
financières.

Carlos Ghosn, qui dément ces charges, a dénoncé dans un bref communiqué rendu public mardi la "partialité" de la justice japonaise.