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Carlos Ghosn clame son innocence et veut laver son honneur

Carlos Ghosn s'exprime après sa fuite du Japon
Carlos Ghosn s'exprime après sa fuite du Japon / L'actu en vidéo / 1 min. / le 8 janvier 2020
L'ancien PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a clamé son "innocence" mercredi, et s'est dit décidé à "laver son honneur", lors de sa première apparition publique à Beyrouth après sa fuite rocambolesque du Japon. L'homme d'affaires a aussi été convoqué par la justice libanaise jeudi.

"J'ai été arraché à ma famille et mes proches", a déclaré l'ancien capitaine d'industrie de 65 ans, qui s'exprimait pour la première fois depuis son arrivée le 30 décembre au Liban, devant un parterre de quelque 150 journalistes méticuleusement choisis par son équipe de communication.

S'il a prévenu qu'il n'était pas "là pour raconter comment (il) a fui le Japon", le récit de cette fuite rocambolesque tient en haleine les médias et a suscité l'ouverture d'enquêtes au Japon et en Turquie, où Carlos Ghosn, détenteur des nationalités française, libanaise et brésilienne, a fait escale.

"Echappé à l'injustice"

"Je n'ai pas fui la justice, j'ai échappé à l'injustice et à la persécution", a-t-il martelé en anglais, après avoir également parlé en arabe et français, affirmant se présenter devant les médias pour "laver son honneur".

Considéré comme "présumé coupable", il n'avait pas "d'autre choix" que de fuir face à des accusations "sans fondements", a-t-il fait valoir. Carlos Ghosn, ses proches et sa défense soutiennent qu'il a été victime d'un "complot" ourdi par Nissan, avec la complicité des autorités japonaises, car il s'apprêtait à organiser une fusion entre Renault et Nissan.

Quatre inculpations

Carlos Ghosn fait l'objet de quatre inculpations au Japon: deux pour abus de confiance aggravé et deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (aussi poursuivi sur ce volet), notamment des montants qu'il devait toucher après sa retraite estimés par la justice à 9,23 milliards de yens (74 millions d'euros) de 2010 à 2018.

Les autorités japonaises ont dénoncé une évasion "injustifiable", tandis que le groupe automobile Nissan l'a qualifiée d'"extrêmement regrettable".

"Le but, l'aveu pas forcément la vérité"

"Le but suprême de la procédure japonaise, c'est l'aveu, pas forcément la vérité. Cela met une pression extrêmement importante sur le prévenu de façon à ce qu'il finisse par craquer. Carlos Ghosn a sûrement mal supporté cette pression", a expliqué dans Forum Marc Henzelin, avocat, spécialiste de droit pénal international.

"Les droits d'accès à un avocat sont assez limités au Japon. La défense n'a pas non plus accès au dossier avant l'ouverture du procès. On n'a plus l'habitude d'un tel système, même s'il existe encore dans le monde et en Europe".

Convoqué par la justice libanaise

Le parquet libanais a convoqué Carlos Ghosn, après une demande d'arrestation d'Interpol et une requête déposée par des avocats concernant une visite en Israël de l'ancien PDG de Renault-Nissan, a rapporté mercredi l'agence de presse officielle libanaise.

Carlos Ghosn a été convoqué pour un "interrogatoire qui se tiendra jeudi (...) afin d'écouter son témoignage au sujet de la notice rouge" communiquée à Interpol par le Japon. Le Liban, qui a indiqué ne pas avoir d'accord d'extradition avec le Japon, avait annoncé la semaine dernière avoir reçu une demande d'arrestation d'Interpol.

agences/lan

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Rappel des faits

Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet au Japon, l'homme d'affaires avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de 130 jours d'incarcération.

Assigné à domicile, il avait interdiction de quitter le Japon dans l'attente d'un procès dont la date n'a pas été fixée, ainsi que de contacter son épouse Carole, désormais visée par un mandat d'arrêt japonais pour faux témoignage.

Carlos Ghosn, ses proches et sa défense soutiennent qu'il a été victime d'un "complot" ourdi par Nissan, avec la complicité des autorités japonaises, car il s'apprêtait à organiser une fusion entre Renault et Nissan.