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Erdogan et Poutine scellent leur rapprochement énergétique

Vladimir Poutine et Tayyip Erdogan, entourés par le président serbe Aleksandar Vucic (à droite) et le premier ministre bulgare Boyko Borisov (à gauche). [Keystone - Lefteris Pitarakis]
Erdogan et Poutine scellent leur rapprochement énergétique / Le Journal horaire / 15 sec. / le 8 janvier 2020
Les présidents turc et russe, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, ont inauguré mercredi un gazoduc stratégique. Ce pipeline devait consacrer leur rapprochement, mais leurs divergences en Libye et en Syrie risquaient de perturber cette entente.

Lors d'une cérémonie à Istanbul, les deux dirigeants ont symboliquement ouvert les vannes du gazoduc Turkish Stream, destiné à alimenter la Turquie et le sud de l'Europe en gaz russe via la mer Noire. Il contourne ainsi l'Ukraine en proie à un conflit armé et hostile à Moscou. Le président serbe Aleksandar Vucic et le premier ministre bulgare Boyko Borisov participaient également à l'événement.

Réchauffement des relations

L'entrée en service de ce gazoduc, aussi appelé TurkStream, illustre le rapprochement spectaculaire entre les deux pays, dont les relations avaient connu une grave crise en 2015. C'est un "événement historique pour les relations turco-russes et la carte énergétique régionale", s'est félicité Recep Tayyip Erdogan en donnant du "mon ami" à son homologue. Vladimir Poutine a noté un renforcement du "partenariat entre la Russie et la Turquie dans tous les domaines".

Si elle illustre le réchauffement des relations entre les deux pays, cette cérémonie intervient néanmoins dans un contexte de vives tensions en Libye et en Syrie qui fait ressurgir les divergences entre Ankara et Moscou.

Carrefour énergétique

Avec cette nouvelle infrastructure, la Turquie sécurise l'alimentation de ses grandes villes énergivores de l'ouest et s'impose un peu plus comme un carrefour énergétique majeur. Pour la Russie, il s'agit d'alimenter l'Europe en contournant l'Ukraine.

Le gazoduc est formé de deux conduites parallèles longues de plus de 900 km qui relient Anapa en Russie à Kiyiköy en Turquie (nord-ouest). Au total, ces tuyaux pourront acheminer quelque 31,5 milliards de mètres cube de gaz russe chaque année.

ats/jfe

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Un long tête-à-tête diplomatique

Au sommet de l'agenda de cette rencontre figurait la Libye, où la Turquie a commencé cette semaine à déployer des militaires pour soutenir le gouvernement de Tripoli face à un puissant rival, le maréchal Khalifa Haftar.

Même si Moscou dément, Recep Tayyip Erdogan affirme que "2500 mercenaires du groupe Wagner", une société militaire privée russe, se battent aux côtés des forces de Haftar, également soutenues par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte. Les deux chefs d'Etat ont finalement appelé à un cessez-le-feu à partir du 12 janvier, selon une déclaration commune publiée à l'issue de leur rencontre.

Et la Syrie

L'autre dossier brûlant est la Syrie, où les deux présidents se sont imposés comme les maîtres du jeu. Le régime syrien soutenu par Moscou a multiplié ces dernières semaines les bombardements meurtriers sur le nord-ouest, ultime bastion des rebelles dont certains sont appuyés par Ankara, provoquant un afflux des populations vers la Turquie.

Ankara a appelé mardi la Russie à "stopper les attaques du régime" et a réclamé le respect d'une trêve conclue en août dernier.