L'opérateur du missile qui a abattu le Boeing a fait feu sans pouvoir obtenir la confirmation d'un ordre de tir à cause d'un "brouillage" télécom, a affirmé samedi un général iranien.
"Il pouvait décider de tirer ou de ne pas tirer [mais] il a pris la mauvaise décision", a ajouté l'officier, précisant qu'il n'avait eu que dix secondes pour décider.
"C'était un missile de courte portée qui a explosé près de l'avion. C'est ce qui explique que l'avion a pu" continuer de voler, a encore déclaré le général dans une déclaration retransmise par la télévision d'Etat.
"Erreur impardonnable", selon Rohani
Auparavant, le président iranien Hassan Rohani avait annoncé sur Twitter que l'enquête interne des forces armées avait conclu que "de manière regrettable des missiles lancés par erreur ont provoqué l'écrasement de l'avion ukrainien et la mort de 176 innocents". Le chef d'Etat a dit "profondément" regretter ce crash qui est "une grande tragédie et une erreur impardonnable".
Selon une agence iranienne, c'est le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a ordonné la publication de la vérité. Il a aussi ordonné aux forces armées du pays de remédier à toute "négligence" et à faire le nécessaire "pour éviter la répétition de pareil accident".
"Aventurisme américain"
Plus tôt, le ministre des Affaires étrangères iranien avait déjà exprimé "regrets, excuses et condoléances", tout en soulignant que Washington n'était pas étranger à ce drame. Une "erreur humaine en des temps de crise causée par l'aventurisme américain a mené au désastre", a tweeté Mohammad Javad Zarif.
Il faisait allusion à la tension provoquée par l'élimination le 3 janvier du général iranien Qassem Soleimani dans un tir de drone à Bagdad, sur décision du président Donald Trump, avant des tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak.
Le changement de pied est spectaculaire car Téhéran avait jusqu'alors catégoriquement nié la thèse, privilégiée par plusieurs pays, notamment le Canada, selon laquelle l'avion ukrainien aurait été touché par un missile.
176 morts
Le vol PS752 de la compagnie Ukraine Airlines International (UAI) s'est écrasé tôt mercredi à l'ouest de Téhéran, très vite après son décollage. Les 176 victimes sont essentiellement des Irano-Canadiens, mais aussi des Afghans, des Britanniques, des Suédois et des Ukrainiens.
>> Lire : Aucun survivant dans le crash d'un Boeing ukrainien près de Téhéran
Une vidéo d'une vingtaine de secondes, qui montrerait le moment où un missile frappe l'appareil, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. On peut y voir un objet lumineux grimpant rapidement vers le ciel et frappant ce qui semble être un avion.
Pour Michel Polacco, journaliste spécialisé en aviation et chroniqueur à la revue aéromorning.com, les Iraniens n'avaient pas d'autres choix que d'admettre leur responsabilité.
agences/jvia/lan/boi
Des "compensations" pour l'Ukraine, de la "transparence" pour le Canada
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé la punition des coupables et le versement de compensations de la part de l'Iran. "Nous espérons que l'enquête sera poursuivie sans retards délibérés et sans entraves. Nos 45 spécialistes doivent obtenir l'accès total" à l'ensemble des éléments de l'enquête, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a de son côté demandé de la "transparence" afin qu'une "enquête complète et approfondie" soit menée et établisse les responsabilités.
La ministre française des Armées Florence Parly a estimé samedi qu'il fallait "se saisir de ce moment pour redonner de l'espace à des discussions et des négociations" sur le nucléaire avec l'Iran.